Depuis 2013 l’association Ile Art ouvre gratuitement au public un parcours de sculptures contemporaines dans la nature. Enfin j’ai découvert cette balade séduisante entre chants d’oiseaux, rayons de lumière et bruissements de feuilles d’arbres. C’est à Malans, en Haute Saône, non loin de Pesmes, rue des Châteaux. (petite brochure explicative gratuite à l’entrée du chemin)
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Tout est bien pensé, ici. Le sentier sans difficultés de marche, balisé discrètement mais efficacement, les sculptures non loin du cheminement mais parfaitement intégrées dans leur coin nature, des passages aménagés (escalier, allée en planches rustiques…) en osmose avec la forêt… Liberté de circuler, avec simplement quelques rares et discrets rappels à notre vigilance, sans excès aucun… J’en reste baba!!!! C’est si rare qu’on nous prenne pour des « grands », qu’on fasse confiance en notre bon sens et qu’on nous mette face à notre responsabilité.
Je n’ai pas vu les quarante sculptures. Mais j’ai malgré tout beaucoup apprécié ma promenade, d’œuvre en œuvre (je n’en signale ici que très peu, malheureusement). La première, rencontrée sur mon circuit, est « Onde sonore » de Denis Pérez (résine).
Je l’ai plutôt appréhendée comme une peau. Une mue. Ou une carcasse. Quelque chose d’abandonné là, trace d’une ancienne vie. Magistralement placée dans une dénivellation du relief (ici existaient des carrières), la sculpture plane au-dessus de nos têtes. Plus loin, nous verrons une autre création de cet artiste: « Envelopper la lumière » (bronze). Que j’ai ressentie (cette fois!) comme un capteur de sons, comme le pavillon d’un instrument de musique géant. Une belle forme à-demi enroulée, prête à retenir ce que lui offre la nature: sons ou lumières.
Karl Chilcott est un des artistes qui m’a interpellée. Il utilise des pierres blanches des carrières locales (de Malans) pour réaliser des voies et des cascades…Éboulements et empierrements que les mousses recouvrent peu à peu, qui s’intègrent au paysage tout en intrigant, malgré tout, le promeneur. Une de ces coulées de pierres aboutit à une extraordinaire bibliothèque!
Rangés sur de grandes étagères en acier (aspect rouillé), les livres sont des pierres plates! De différentes tailles. A s’y méprendre! Des cailloux aussi riches en mémoire, en culture, en savoir que des livres. Belle idée! Le poids des livres!!!
Autre artiste que j’ai retenue, Claudia Dietz. Elle crée un petit monde d’étranges créatures (pierre reconstituée ou pierre de sable) qui jouent les gardiennes du lieu.
Certaines, à l’allure de manchots, sont installées sur une petite hauteur, au creux de leur nid de branchages, et ce sont les « sentinelles de la forêt ». Ailleurs, ce sont plutôt de gros vers, à la peau plissée, qui rampent sur le sol, gueule ouverte… Ce sont « les animaux de la lune »… Univers fantastique ou de science fiction. La nature cache des vies insoupçonnées.
Je citerais encore Jérôme Marcel qui a réalisé un mikado géant en bois peint, suspendu entre les arbres, mouvant et gaiment coloré. Cette vision légère et ludique, insolite au cœur de la végétation, attire l’œil.
On prend plaisir à approcher cette installation, à la contourner, à guetter le courant d’air qui fait osciller les longues perches. Esthétiquement, aussi, cette « danse des Hommes » est une réussite.
La balade passe par le parc d’un château dont les immenses pelouses portent de nombreuses sculptures en acier de l’artiste suisse Andrea Malaer.