La gestion des risques est une démarche essentielle pour les entreprises. Elle a pour objectif d’identifier et d’évaluer les risques majeurs pour l’entreprise afin de les traiter et de suivre leur évolution. Pour les entreprises cotées, avoir un dispositif de gestion des risques adapté est obligatoire, et les risques majeurs de l’entreprise doivent figurer dans le document d’enregistrement universel (anciennement document de référence), établi pour communiquer une information détaillée sur son activité, sa situation financière et ses perspectives. Eclairage avec Alexia Fakiri, Responsable Contrôle interne chez Bouygues Construction.
Quel est le rôle de la cartographie des risques et comment est-elle réalisée au sein de Bouygues Construction ?
Toute activité présente un risque potentiel avec des conséquences plus ou moins importantes, sur les résultats de l’entreprise, les personnes, l’environnement, etc. La démarche de gestion des risques est ancrée chez Bouygues Construction et existe à différents niveaux : chantier, processus, unité opérationnelle, etc. Elle peut prendre des formes différentes suivant les besoins : matrice des risques et opportunités, SWOT, etc. Au-delà de ces démarches, Bouygues SA, société cotée, doit communiquer sur ses risques majeurs et sollicite à ce titre ses métiers (Bouygues Construction, Bouygues immobilier, Colas, Bouygues Telecom, TF1). Ainsi est réalisée chez Bouygues Construction une cartographie des risques majeurs mise à jour annuellement.
La définition retenue du risque pour cette cartographie est « un évènement qui pourrait affecter la capacité de l’entreprise à atteindre ses objectifs stratégiques, opérationnels et financiers ; un processus de l’entreprise qui la conduirait à ne plus maîtriser ses activités. »
D’un point de vue méthodologique, la cartographie des risques est la retranscription de la vision de nos dirigeants, l’ensemble des entités opérationnelles et fonctionnelles et du comité de management. Nous croisons ces analyses internes avec des cartographies externes de macro-tendances telles que le Global Risks Report du Forum économique mondial qui propose une perspective approfondie des principales menaces qui pourraient avoir un impact sur la prospérité mondiale au cours de l’année et de la prochaine décennie et s’appuie lui-même sur la vision de près de 800 experts et décideurs du monde entier.
Chaque risque identifié est caractérisé et évalué selon sa probabilité d’occurrence et son impact financier estimé, brut (si aucune action n’est engagée par l’entreprise) et net (tenant compte de mesures ou actions mises en œuvre par l’entreprise). L’ensemble de ces informations permet de positionner les risques sur une représentation graphique et de les hiérarchiser. Dynamique, la cartographie envisage également les risques de façon systémique, en mettant en évidence leurs interconnexions.
Quels sont les principaux risques identifiés et quelle est l’opérationnalité de cette cartographie ?
Les risques identifiés peuvent être d’ordre macro (éthique et conformité, risque climatique, géopolitique) ou opérationnel (grands projets de construction, cybersécurité, désintermédiation/ubérisation). Le risque climatique, par exemple, est envisagé selon l’impact du changement climatique sur les activités du Groupe mais aussi selon les conséquences d’une contribution du Groupe à ce dérèglement. Autre exemple, le risque de désintermédiation considère l’impact des nouveaux acteurs issus du monde numérique qui apparaissent sur les marchés du Groupe.
Cette cartographie doit constituer un outil d’aide à la décision stratégique qui permet d’arbitrer entre l’impact du risque, le coût des actions à mener pour réduire le risque et leur effet potentiel. Chaque risque est associé à un porteur qui en assure le suivi et participe à l’élaboration d’un plan d’action.
Cet outil contribue également à renouveler notre approche du risque dans une optique plus résiliente : accepter que le risque zéro n’existe pas et développer notre logique de réactivité pour amoindrir les conséquences. La mise en œuvre d’actions ne signifie pas que l’aléa ne se produira pas ou qu’il n’aura pas d’impact. Mais l’appropriation de ces macro-tendances et le développement de cette culture de la gestion des risques améliore notre agilité et notre capacité d’adaptation.
Comment cette cartographie est-elle partagée ?
Les processus de contrôle interne et surtout de gestion des risques étaient auparavant relativement fermés et peu partagés. Depuis quelques années nous communiquons plus largement afin de faire de cette cartographie un outil pédagogique au service de l’action et de la prise de conscience. Des ateliers sont régulièrement organisés pour travailler autour des risques, de leurs impacts, des actions à mettre en œuvre dans un souci d’amélioration continue et d’anticipation permanente.