Les acteurs de l’immobilier et de la fabrique de la ville l’ont bien compris et participent à la transition des usages en intégrant de plus en plus le sujet de la mobilité dans la conception du bâti. En complément de cette attente sociétale, la convergence bâtiment et mobilité répond également à un enjeu écologique. Les secteurs du bâtiment et de la mobilité représentent à eux deux 80% de la consommation énergétique mondiale; ils sont responsables de 49% de la production de GES et de 70% de la production de CO2. Cette convergence bâtiment et mobilité est un véritable levier écologique mais également économique quand on sait que ces deux secteurs pèsent fortement dans le budget des ménages français.
Alors comment penser les projets immobiliers à travers la mobilité ?
En décembre dernier, le groupe Bouygues, l’écosystème de mobilité durable Movin’On animé par Michelin, le groupe Renault, Schneider Electric, la Smart Buildings Alliance for smart cities et leurs partenaires ont créé le premier consortium sur la convergence bâtiment-mobilité, dans l’objectif de mettre en place « un référentiel commun », dénommé Ready4Mobility. D’après le consortium, la mobilité électrique intégrée au bâtiment peut être une réponse aux besoins des citoyens usagers et aux enjeux environnementaux et sociétaux des territoires.
« Ce référentiel est pensé pour être à la fois un guide pour accompagner les acteurs du bâtiment et de la mobilité à tirer pleinement parti du numérique afin de transformer les bâtiments en véritables plateformes de services de mobilité, évolutifs, confortables et ouverts sur la ville intelligente et durable ; et un outil permettant de valoriser les projets plug & play les plus aboutis dans l’intégration du numérique, afin d’offrir des bouquets de services à la fois sur le bâtiment et la mobilité, basés sur le partage et la mutualisation, de plus en plus riches » précise Emmanuel François, président de la SBA.
Le groupe de travail devra travailler au développement des écosystèmes énergétiques pour le couple bâtiment-mobilité, en vue de répondre aux enjeux liés à la production, au stockage, à l’effacement et à l’équilibre énergétique du couple véhicules électriques-bâtiments. Autres axes de réflexion : définir un modèle économique et travailler sur l’environnement juridico-réglementaire.
« L’enjeu de la convergence Bâtiment-Mobilité, c’est d’arriver à concilier l’évolution des usages vers une mobilité électrique (VE) partagée et la capacité des bâtiments à gérer des parcs de VE en maintenant leur courbe de charge énergétique » selon Fabrice Bonnifet, directeur développement durable & QSE du Groupe Bouygues.
Du côté de l’industrie automobile, le sujet de la mobilité électrique serait déjà intégré : le véhicule électrique, avec sa batterie, amènera d’autres services à la ville de demain, tels que recharge intelligente pour lisser les pointes de consommation, recharge bidirectionnelle… Aussi, la voiture va apporter du stockage, qui coûte très cher au bâtiment. Le bâtiment à énergie positive pourrait à l’inverse recharger la voiture grâce aux surplus de sa production.
Quand la mobilité dessine le projet immobilier
Dans un autre registre, certains projets immobiliers intègrent dès leur conception une place importante à la mobilité douce comme le projet BikeCiti à Vienne. Inaugurée en 2008, cette opération immobilière déploie plus de 330 stationnements vélos pour 100 logements. Les ascenseurs, par leur capacité, autorisent le transport de vélo aux étages. L’octroi d’une exemption quant aux places de stationnement automobile a permis des économies réinvesties dans la création d’espaces partagés.
La conception du bâti, des espaces communs et des parkings pour favoriser le partage et l’usage des modes doux sont autant de leviers. La fourniture de services de mobilité associés au bâti (comme des packs mobilité, possibilités de recharge pour les véhicules électriques, plateformes de services mobiles, régies de données, navettes autonomes de quartier, etc) constitue une alternative à l’usage de la voiture individuelle.
Intégrer l’électromobilité ou la micromobilité au bâtiment de demain, c’est aussi repenser l’usage des parkings. Dans les bâtiments, ces espaces peuvent donner lieu à de nouveaux services pour les utilisateurs. On peut citer la start-up Flexy Moov qui, depuis mai 2018, propose aux entreprises de valoriser leurs espaces libres de parking en y ajoutant un service de mobilité destiné aux collaborateurs.
Un Flexy Center est d’abord installé dans les parkings de ces entreprises. A travers une application dédiée, les collaborateurs de l’entreprise choisissent parmi les modes de transport mis à leur disposition le plus adapté à leur trajet : voitures, vélos, scooters ou trottinettes électriques.
Flexy Moov s’occupe de l’entretien des véhicules, de la maintenance et des assurances. Elle fournit aussi l’assistance et des kits de sécurité aux utilisateurs. Les avantages pour les entreprises et les utilisateurs : économie de places de parking (car les collaborateurs n’éprouvent plus le besoin de venir quotidiennement avec leur véhicule), de frais liés aux déplacements et gain de temps. Par l’utilisation de véhicules électriques, Flexy Moov contribue à la baisse de l’utilisation du véhicule thermique classique de plus en plus incompatible avec les enjeux associés à la qualité de l’air et au climat. Aujourd’hui, 1 jeune sur 3 considère la politique de développement durable d’une entreprise comme un critère indispensable dans leur choix de carrière. Cette offre donne l’opportunité aux entreprises de mieux respecter l’environnement, de répondre aux différentes législations, tout en améliorant leur image et la qualité de vie au travail des collaborateurs.
En conclusion, l’immobilier est fortement influencé par nos mobilités ; bâtiment et mobilité doivent répondre aux attentes des utilisateurs finaux et aux problématiques des territoires. La concrétisation de ces convergences participera pleinement à l’atteinte des objectifs de réduction d’émissions de gaz à effet de serre nécessaire pour limiter le réchauffement climatique.