C'est un dimanche ordinaire à la réception de l'hôtel où j'échange une partie non négligeable de ma vie contre un salaire pour vivre agréablement les autres jours. Je n'ai pas encore irrigué mon cerveau du litre de café utile.
— (formule d'accueil consacrée) ... Laurent à votre service, comment puis-je vous aider ?
— Il vous reste une chambre ?
Ni bonjour ni merde. Je garde mon calme.
— L'hôtel est complet, je suis navré, monsieur.
— Ah. Vous n'avez même pas...
Je connais par cœur ce genre de questions. Il cherche à m'amadouer. Comme si je pouvais sortir de mon chapeau de magicien une chambre pour ce monsieur. Pof ! Ah tiens, incroyable, une chambre, oh, une autre, oh, encore une autre. Je vous en mets combien ? Mais je réponds :
— Je n'ai pas de chambre, ni même une moitié de chambre.
— Ah. Mais. Euh. Un local à vélo ? Un placard à balais ?
Même sous ses airs de plaisantin, c'est une vraie requête. Les clients qui font ce type de demandes existent dans la vraie vie.
— Monsieur, un local à vélo, c'est fait pour les vélos. Et un placard à balais, pour les... balais.
Et je raccroche.
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P.S. Merci à Christine qui a pris le cliché et m'a inspiré ce billet. L'appel téléphonique est authentique. Elle est témoin.
Si les billets ci-dessous vous ont échappé, je vous les sers avec un verre de chardonnay ou une limonade maison et quelques pistaches :
* Lettre ouverte de l'hôtelier à ses clients
* Margaret et Ronald d'Albuquerque
* Vis ma vie d'hôtelier
* Où j'enfile des perles de ma vie d'hôtelier
* Où j'enfile encore des perles de ma vie d'hôtelier