Salut à tous,
Du site Slate.fr : Il est temps de penser le racisme à la
française, de raconter son histoire, de déchiffrer ses codes et
d’analyser ses concepts afin de ne plus transmettre l’ignorance
volontaire.
¨ James Baldwin, remis au goût du jour par le documentaire de Raoul Peck, I Am Not Your Negro, et dont Gallimard a publié le mois dernier une nouvelle édition de Notes of a Native Son (Chroniques d’un enfant du pays, traduit par Marie Darrieussecq), a des choses à nous dire aussi sur notre époque et sur le racisme made in France.
Dans l’avant-dernier texte de ce recueil, intitulé ironiquement «Equal in Paris», Baldwin raconte l’affaire du drap de lit:
son arrestation pour vol en décembre 1949, son dialogue kafkaïen avec
les policiers venus l’interpeller, son séjour à Fresnes, son passage
devant le juge, conclu par un non-lieu. Dans la salle d’audience, le
sang du jeune Baldwin se glace lorsqu’il réalise «l’amusement» suscité
par son aventure et ses démêlés avec la justice. «Il était inévitable que cette bonne humeur me rappelât les rires que j’avais entendus si souvent chez moi.»
Ces rires, écrit-il, sont ceux des privilégiés qui se considèrent à
l’abri de la misère et pour qui la souffrance de la vie n’est pas
réelle. Baldwin était parti en France dans l’espoir d’y échapper. À
Paris, il découvre au contraire l’universalité du regard porté sur lui.
Baldwin comprend qu’il lui faudra vivre partout avec «ce rire qui ne s’arrête jamais» –et il devient Baldwin.
Soixante-dix ans plus tard, le racisme est souvent vu en France comme
un objet lointain, étranger, obsolète, neutralisé –un colis suspect
sous sa cloche, qui ne risque plus de nous faire du mal. C’est un
monstre ancien que l’Histoire et la République, droits de l’Homme en
étendard, ont terrassé il y a longtemps sur le territoire national.
Pourquoi donc remuer la boue du passé, agiter les ombres de la mémoire?
Qu’on nous laisse, Français, aller de l’avant, progresser la conscience
claire. Voudrait-on nous diviser? Saper les piliers d’une société déjà
affligée de mille et une fractures en y distillant le poison du
communautarisme?
Conséquence de cette mise à distance:
l’antiracisme est considéré comme une valeur positive surtout quand il
n’a pas de dimension hexagonale ni trop actuelle. Combien de parcs, de
stations de métro, de rues, de centres de loisirs portent le nom de
Martin Luther King? Rosa Parks? Nelson Mandela? Voilà de dignes héros
antiracistes. James Baldwin. Marielle Franco, peut-être un jour.
Pourquoi? Parce que ces gens ont combattu un système d’oppression et
l’idéologie de la suprématie blanche aux États-Unis, en Afrique du Sud
ou au Brésil de Bolsonaro –loin de chez nous. Appliqué à la France, où
le racisme flotte dans un vide anhistorique, l’antiracisme devient une
lubie toxique, une maladie infantile de l’intellectuel, de
l’universitaire ou de l’artiste. À quoi bon être antiraciste? En France,
le Code noir s’est écrit tout seul. Les territoires d’Afrique du Nord
et de l’Ouest se sont colonisés tout seuls. Les Africains se sont
transportés tout seuls aux Antilles et aux Amériques dans la soute des
bateaux négriers. Là-bas, ils se sont mis tout seuls au travail pour
couper la canne à sucre et récolter le coton¨... ( Voir l'article au complet )
http://www.slate.fr/story/177468/james-baldwin-racisme-francais?utm_medium=Social&utm_source=Twitter#Echobox=1558620927
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