Zanzibar est musulmane. Pas d'image, pas de photo. Un vase et quatre fines baguettes de manguier encadrent une phrase: La lune bouge lentement mais elle traverse la ville.
Ce sont des mots énigmatiques. Pour les comprendre il aura fallu que Corinne Desarzens les laisse se décanter dans le temps et l'espace: Les jours ont paru immobiles, mais grand est le chemin parcouru depuis.
Corinne Desarzens est allée un peu partout. A chaque voyage elle a apporté ou rapporté des mots dans ses bagages, des mots qui font une langue et permettent de mieux comprendre ceux qui la parlent.
Elle éprouve profondément le plaisir d'apprendre une langue, mais, surtout, de saisir d'abord comment ça marche. Il ne s'agit pas pour elle de la maîtriser de fond en comble. Des échantillons lui suffisent.
Ce sont aussi bien les sons que les façons de les écrire, les expressions singulières que les mots seuls, qui la fascinent, qu'il s'agisse de langues connues ou méconnues, voire inconnues dans nos contrées:
L'albanais, l'américain, le suisse-allemand, le russe, le malgache, le romanche, l'italien, le turc, le géorgien, l'arménien, le japonais, le français, l'espagnol, l'arabe, le hindi, le boro, le grec, le roumain, l'allemand, le swahili ou le tehuelche.
Par l'écrit, et même par le dessin pour dire l'Éthiopie, l'auteure s'adresse à ceux qui veulent comprendre leurs semblables dans leur diversité et universalité, à travers des histoires vécues ou transmises:
Tenter de comprendre une langue, simplement comment elle fonctionne, offrirait une réponse à d'énormes problèmes insolubles, qui mobilisent des centaines de conférences internationales et des milliers de psychiatres.
Francis Richard
La lune bouge lentement mais elle traverse la ville, Corinne Desarzens, 344 pages, La Baconnière (sortie le 19 juin 2020)
Autres livres de l'auteure:
Un roi, 304 pages, Grasset (2011)
Carnet d'Arménie, 88 pages, Éditions de l'Aire (2015)
Le soutien-gorge noir, 192 pages, Éditions de l'Aire (2017)
Couilles de velours, 96 pages, Éditions D'autre Part (2017)
L'Italie c'est toujours bien, 128 pages, La Baconnière (2018)