"Un gouffre d'incompréhension sépare Giulia de Mia, sa fille de dix-huit ans. Chacune triche, joue un rôle, et tait l'essentiel.
La lecture du journal intime de Mia replonge sa mère dans le passé. Elle lui confie alors par lettres ce qu'elle ne lui avait jamais dit. Dans les secrets des générations passées, c'est sa propre histoire que découvre la jeune fille." (quatrième de couverture)
...ainsi est présentée l'intrigue de Je suis en bois, et l'histoire commence effectivement abruptement, par une transgression d'intimité (une mère lit le journal de sa fille pour mieux la comprendre). Pourtant, je n'ai pas senti, à la lecture du roman, les barrières des genres (lettres, journal intime). Les paragraphes s'écoulent, chaque récit se déroule en monologue faisant presque par mégarde écho à l'autre.
A la fin du récit seulement, on se rend compte que les deux voix tenaient une conversation, que Giulia parlait à Mia, et inversement, qu'elles se racontaient leur génération dans une Italie changée.
Que vous dire ? Simplement, que ce livre est beau, qu'il parle avec beaucoup de grâce et de pudeur de la relation mère-fille. Qu'il est par instants même, presque parfait sur le fil de l'émotion. Puis, par endroits, ici et là, peut-être un peu maladroit (l'auteure n'avait que vingt trois ans quand son récit a été publié). Je suis restée bluffée par la capacité de cette jeune écrivain à exprimer les émotions d'une femme vieillissante, avec autant de justesse...
Un livre qui vous donnera des frissons de tendresse, et dont le récit suit le fil d'un été. N'est-ce pas le mélange idéal pour glisser ce joli roman dans vos bagages ?
Un extrait (le tout début du livre)...
"Cette histoire commence un dimanche et ne pouvait commencer aucun autre jour.
Pour toi, le dimanche est un résidu de la semaine, pour moi c'est une tzigane qui fouille les emballages et les vieux chiffons, qui cherche des trucs encore bons dans ce qui a été jeté.
Je crois que les meilleures propositions se font le dimanche.
Je crois que la guerre finit le dimanche.
Je crois qu'Ulysse est rentré un dimanche, après la danse des vagues, il est rentré à la maison comme toi du rentres, après la danse des vagues, tous les dimanches.
Pour Pénélope le bruit du retour était le contact du bois rugueux sur les rochers du port. Et l'odeur du retour était celle du sel.
Pour une mère le bruit du retour est trois tours de clé, la clenche, la porte qui s'ouvre et se referme. Et l'odeur du retour n'est pas celle du sel, non, c'est un parfum masculin que tu t'es mis dans les cheveux, un parfum que tu changes chaque semaine."
ISBN 978-2-35087-076-2 - 19€ - Avril 2008
Note de lecture : 4.5/5La lecture de Cathulu et de Cuné (conquises)