Dans ce blog, j’ai déjà à plusieurs reprises évoqué celle qu’on a nommé la Vénus hottentote. Le Museum national d’histoire naturelle, dans sa collection de publications scientifiques, a publié en 2013 un ouvrage important contenant des analyses de chercheurs du CNRS, de l’IRIS et du Museum. Il contient des fac-similés, une iconographie conséquente et des approches selon plusieurs disciplines. Dans sa conclusion, Claude Blanckaert souligne que « Sarah Baartman illustre aujourd’hui toute la duplicité du "musée vivant" ». Il invite à ne pas enfermer « les Hottentots dans une préhistoire perpétuelle qui en ferait un peuple "archaïque", "arriéré" », au prétexte d’une comparaison avec ces sculptures aurignaciennes découvertes depuis la fin du XIXe siècle. Il écrit encore que « le destin de Sarah Baartman transcende son histoire » et, surtout, qu’elle « ne parle pas (…). À force de symboles (la femme, la sexualité, l’oppression des Noirs et l’émancipation), elle n’a plus même de visage propre. »
Il ajoute : « "Nous sommes cruels dans nos plaisirs", écrivait à son propos un journaliste parisien en 1815. Peut-être le sommes-nous restés. »