C’est la source d’une énorme querelle entre la gauche et la droite, les syndicats et les organisations patronales. Le gouvernement dit vouloir assurer la souveraineté alimentaire du pays grâce à cette mesure, pour éviter qu’un fonds de pension étranger ne s’empare de ces actifs, ce qui leur ferait courir le risque de disparaître un beau jour, sans crier gare, au profit d’investisseurs étrangers sans foi ni loi. L’opposition, de son côté, se dit persuadée que la mesure préfigure un plan général de « soviétisation » ou de « cubanisation » de l’économie, « comme au Venezuela », son refrain préféré.
Mais là ne s’arrête pas le scandale : la cessation de paiement de Vicentín met peu à peu à jour un entrelacs de prêts et de dettes pas piqué des hannetons (mais très habituels partout sur cette planète chez des géants de cette espèce) et fait subodorer des opérations opaques de financement politique carabiné. Bref, ça sent assez mauvais. Ce matin, Página/12 en a fait sa une en choisissant dans son gros titre de détourner un célèbre vers de Celedonio Flores, tiré de Mano a mano, un classique du tango, composé par Carlos Gardel et José Razzano en 1923 (1) : « Si alguna deuda chica » (si quelque petite dette). Je vous laisse juges de la nature du détournement. La citation se comprend sans traduction !
Pour aller plus loin : lire l’article de Página/12
(1) Mano a mano fait partie du corpus que j’ai présenté et traduit dans Barrio de Tango, recueil bilingue de tangos argentins, publié aux Éditions du Jasmin. Il y a cinq ans, il a aussi fait l’objet d’un atelier littéraire du tango dont j’ai récemment monté l’enregistrement en vidéo que j’ai publiée sur ma chaîne Dailymotion. Vous pouvez écouter une version de ce grand morceau du répertoire sur le site encyclopédique argentin Todo Tango.