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BE et DE escalade: l’altimètre reste bloqué à 1500m?

Publié le 17 juin 2020 par Fredvionnet @grimpisme

A sa création, le diplôme de moniteur d’escalade n’autorisait pas l’encadrement de l’escalade à une altitude supérieure à 800m. Cette limite fut rapidement remontée à 1500m afin de ne pas exclure les Gorges du Verdon des sites accessibles aux moniteurs. Et depuis les années 1980, rien n’a bougé. Alors que l’escalade et l’environnement naturel dans lequel nous la pratiquons ont tellement évolué et que cela semble encore s’accélérer. Pour le meilleur, comme pour le pire.

Une altitude limitée à 1500m, concrètement, qu’est-ce que ça implique ? Voici une petite liste de falaises interdites aux moniteurs d’escalade, mais vous devez en connaitre beaucoup d’autres :
– Les falaises de Flaine (Haute Savoie).
– Les falaises du col de la Colombière (Haute Savoie).
– Les blocs et falaises d’Ailefroide (Hautes Alpes).
– Le site de bloc de Targassone (Pyrénées Orientales).
– Les blocs du col des Montets, ah non pardon ça passe à 40 mètres prêts, ouf… (Haute Savoie).
– La falaise du Foron, juste au-dessus de 1500m (Haute Savoie)!
– Et pour conclure en beauté, la plus belle des falaises, Céüse (Hautes Alpes)!
Etant titulaire d’une licence STAPS, je ne suis pas concerné par cette limite d’altitude (voir ma carte professionnelle). Ne me demandez pas le pourquoi du comment… Je profite très souvent de ce privilège, pour le grand bonheur de ma clientèle. Première incohérence…

Par contre, pour les grandes voies, je suis à la même enseigne que les collègues. A 1501m d’altitude, je suis “hors la loi”.
Voici par exemple quelques spots qui ne nous sont pas autorisés :
– La Pointe Dzerat (Haute Savoie)
– Le Petit Bargy (Haute Savoie)
– Toutes les grandes voies des Aravis, y compris les Tours d’Areu, et les Vuardes qui sortent à 1600m (Haute Savoie).
– L’ensemble des Aiguilles Rouges (Haute Savoie).
– Les grandes voies d’Ailefroide (Hautes Alpes).
– Le Ponteil (Hautes Alpes).
– Le Sappey (Haute Savoie)
– Les Dents de Lanfon (Haute Savoie).

Le 28 mai dernier, le SNAPEC, syndicat historique des moniteurs d’escalade, a défendu une requête contre le conseil d’Etat, à l’encontre de cette limite d’altitude (voir image plus bas). Malheureusement, cette requête sera probablement rejetée. L’espoir est mince, et on s’en doutait bien avant la procédure. Beaucoup de temps, d’énergie et d’argent dépensés pour rien ? Cela n’est pas mon avis. Au contraire, la réponse du Conseil d’Etat, si elle se confirme comme négative, renforce les incohérences par la nature des critères de refus. Elle ne peut aller que vers une évolution.

limite altitude 1500m moniteur escalade

Comme écrit plus haut, je n’ai pas de limite d’altitude lors de l’encadrement de l’escalade sportive (c’est à dire sur voies d’une longueur équipées) grâce à ma licence STAPS. Le Conseil d’Etat reconnait cette incohérence mais ne la juge pas suffisante pour remettre en cause les règles actuelles. De tout évidence, les contenus de formation n’ont absolument pas été pris en compte.

Etant titulaire du BE escalade et canyoning, je peux encadrer dans un ruisseau à n’importe quelle altitude. Donc nous ne sommes pas qualifiés pour encadrer sur un rocher à 1501m. Le rocher devient trop différent comme par magie noire lorsque l’altitude fatidique est dépassée. Le milieu naturel d’un canyon, lui, reste par contre suffisamment stable pour être appréhendé par un moniteur que l’on soit aux Oules de Fressinières ou au Tapoul. En quoi n’est-ce pas comparable ? Où est la logique ?
Pourtant, le Conseil d’Etat explique que nos compétences en nivologie sont insuffisantes. Là c’est le pompom! Donc déjà, cela devrait interdire aux moniteurs de canyon ou spéléologie d’encadrer au-dessus de 1500m sans formation complémentaire.

Et d’autre part, nous savons très bien que nous sommes incompétents en nivologie. Nous sommes moniteurs d’escalade, et l’escalade cela se pratique sur le rocher, pas sur la neige. Dans nos prérogatives actuelles, il est clair que nous n’avons pas accès “aux des sites enneigés ou de ceux dont l’accès ne peut s’effectuer qu’en traversant des zones enneigées et des sites dont la fréquentation fait appel aux techniques de la neige et de la glace”. Et cette limitation, personne ne la conteste. L’escalade sur rocher enneigé, on appelle ça de l’alpinisme. C’est un autre sport, avec de moins en moins de points communs avec l’escalade. Les méthodes d’encadrement, d’enseignement et d’entrainement sont différentes. Comment le lien absolu se fait entre l’altitude stricte de 1500m et la présence de neige ou de glace ? Surtout quand on constate la vitesse à laquelle le climat change d’années en années.

Aucune justification de cette limite d’altitude ne tient, aucune ! On ne demande pas à travailler sur les névés persistants, ni les glaciers. Alors quelles raisons peut-on invoquer pour cette limite ? C’est cousu de fil blanc mais je ne veux pas rentrer dans ce petit jeu stérile. Je laisse ça à Facebook et aux donneurs de leçons. Nous avons les compétences pour encadrer en escalade au-dessus de 1500m, sans aller sur glacier ni névés persistants évidemment. Notre formation en termes de sécurité et de gestion du milieu naturel ne peut pas être remise en cause. En ce qui concerne les compétences purement techniques d’escalade proprement dite nous sommes les professionnels les plus pointus. C’est la seule chose à mettre en avant.
Passons à des prérogatives logiques, comme celles des professeurs d’escalade en Suisse, ou des accompagnateurs en montagne en France. Mais je crois qu’il va falloir se battre…

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