Nicolas Sarkozy remercie Jack Lang
juillet 21st, 2008 Posted in France, Les traitres, Sarkozisme et bling bling, Vie du PSLe résultat est tombé. Le Parlement (Assemblée Nationale et Sénat) réuni en Congrès à Versailles a adopté lundi la réforme des institutions par 539 voix contre 357, soit une seule petite voix de plus que la majorité requise des 3/5 des suffrages exprimés. Il s’en est fallu de peu pour que le projet du Leader Minimo capote. Il faut dire que le gesticulateur présidentiel avait justement beaucoup gesticulé ces derniers temps afin de convaincre les derniers réticents.
Gesticuler, au sens sarkoziste du terme, signifie « amadouer et promettre ». Et on sait qu’en matière de promesses en tout genre, Sarkozy possède un certain talent. On imagine que quelques régiments, qui devaient déménager ces prochains mois de communes UMP suite à la publication livre blanc de la défense et de la sécurité nationales, ne bougeront finalement pas. Telle est la loi du clientélisme.
Toutefois, si le président de la République de l’UMP s’est dépensé comme rarement un président l’a fait, le résultat demeure on ne peut plus serré. Malgré ce résultat positif pour Sarkozy, celui-ci n’en ressort pas renforcé. C’est sans doute le paradoxe de ce vote. Si Sarkozy ne s’était pas agité en coulisses, sa réforme aurait été très certainement rejetée.
C’est donc un jour triste pour la démocratie, dans la mesure où l’adoption de cette réforme constitutionnelle consacre une présidentialisation accrue du régime. La France est donc entrée aujourd’hui en « monocratie », c’est-à-dire dans une démocratie de façade. Entre autre chose, le chef de l’Etat pourra désormais s’adresser au Parlement une fois par an, comme le fait le président américain sauf que, contrairement à son homologue d’outre-Atlantique, il demeurera un personnage politique juridiquement irresponsable.
Cette réforme, malgré sa nature constitutionnelle, demeure une réforme sarkoziste, dans la mesure où l’UMP n’a fait droit à aucune demande des socialistes, notamment à propos du Sénat, dont le mode de scrutin favorise systématiquement la droite.
Une réforme constitutionnelle suppose en effet la recherche d’un minimum de consensus au-delà des clivages partisans. Ce qui n’a pas été le cas, car la droite s’est obstinée à ne pas vouloir tenir compte des amendements du PS.
La réforme est donc passée à une voix près… Nicolas Sarkozy peut vraiment remercier Jack Lang de son soutien. Sa voix lui a été précieuse.