Le Feu a Toujours Brûlé

Publié le 15 juin 2020 par Hunterjones
Juin 1982. Brooklyn. NY.
Willie Turks, Dennis Dixon et Donald Cooper sont trois travailleurs de du transport de New York finissent de travailler vers 23h30. Un lundi. Comme ils le font tous les lundis, dans la ville qui ne dort jamais, ils se prennent des bagels au Deli Shop de l'Avenue X.
Sur le chemin de la voiture de Dixon, ils se font harceler verbalement par deux jeunes d'origine italienne, Gino Bova et Paul Mormonda. Quand la voiture s'embraye et refuse de partir, Bova et Mormonda se dirigent vers eux, sortent Dixon de la voiture et commencent à le battre. Cooper sort pour défendre son ami mais se fait aussi battre à son tour. Ils sont maintenant plus d'un vingtaine de blancs ne se posant pas de questions et déduisant que les noirs sont les agresseurs. Willie Turks reste dans la voiture, apeuré. Mais Bova et Mormonda le choisissent pour le sortir de la voiture et le frapper sans relâche. Avec une barre de fer. Il en mourra dans la nuit. À 34 ans. Pour rien. Une couleur.
Décembre 1984, New York, adrénaline dans le métro.

Décembre 1986. Howard Beach, Queens, NY.
Tard un vendredi, Michel Griffith, 23 ans, Cedric Sandiford, 36 ans, Curtis Sylvester et Timothy Grimes, 20 ans chacun, tous noirs, sont en voiture ensemble quand celle-ci, un citron, tombe en panne dans une zone désertée du Boulevard Crossbay près du Broad Channel à Queen's. Un quartier majoritairement blanc très près d'un quartier très noir. Sylvester reste afin de surveiller la voiture tandis que les trois autres vont chercher de l'aide en direction d'Howard Beach.
Ils confrontent verbalement un groupe de jeunes blancs en direction d'un party. Mais ça se limite à des insultes. Passé minuit, les trois gars, sans aide pour leur voiture, et laissant Sylvester tout seul, cassent la croûte New York Pizzeria au coin de Cross Bay Blvd et de la 157ème rue. À leur sortie, ils sont à nouveau confronté par la bande de jeunes blancs avec lesquels ils s'étaient crié des noms d'oiseaux plus tôt. Tout le monde sa battra. Mais les blancs sont beaucoup plus nombreux. Sandiford et Griffith sont sévèrement battus, Grimes se sauve sans heurts. Voulant se sauver de ses agresseurs, Griffith traverse à la course, sur l'adrénaline, un boulevard, ou une voiture, non impliquée dans tout ça le frappe. Griffith est instantanément tué.
9 personnes seront accusés d'homicide et feront de la prison. Tous des blancs.
Avril 1989, Central Park, NY.

Août 1989, Bensonhurst, NY.
Yusef Hawkins, 16 ans, de Brooklyn, se rend à Bensonhurst, un quartier à dominance italo-américaine. Hawkins est intéressé par une Pontiac 1982. Avec trois de ses amis, il se rend sur place pour voir la voiture à vendre.
Ce qu'il ne sait pas est qu'un groupe d'une trentaine de blancs, majoritairement d'origine italienne, sont prêts à attaquer un noir ayant sexuellement agressé présumément une des leurs. Hawkins n'a rien à voir là dedans. Mais il est noir. On attaque son groupe avec des bâtons de baseball et l'un d'eux lui tire fatalement deux balles dans la poitrine. Il ne survit pas. L'asssasin reçoit 32 ans et demi de prison, un autre 9 ans.

Al Sharpton qu'on a entendu la semaine dernière autour de la mort inacceptable de George Floyd, prendra la parole souvent afin de décrier ce vent de folie pour une couleur. Il sera lui aussi poignardé par un Étatsunien d'origine italienne en 1991, dans la même ville, et survivra à son attaque.
Ce ne sont que des fragments de malentendus des citoyens Étatsuniens et de crasse ignorance sur le concept de race.
Spike Lee, le premier grand réalisateur noir de films d'Amérique du Nord ayant su exposer des réalités qui nous étaient pour plupart peu connues sur la communauté noire d'Amérique du Nord, et dont la production de films reste inégale, a lancé, le 12 juin dernier, sur Netflix, un impressionnant film sur 4 survivants noirs de la Guerre du Vietnam.
Survivants en 2020 tout en revisitant leurs démons de 1971.
Une fameuse fresque de l'histoire des Noirs d'Amérique du Nord.
Noirs que je commencerai à écrire avec un N majuscule.
Comme je le fais avec les Femmes.
Par respect et dignité.
Il n'existe que trois races sur la terre: l'humaine, la végétale et l'animale.
Le reste n'est que malentendus.
Mal, entendus.
Parce que mal écoutés.