Née il y a plusieurs années, l'idée de proposer aux consommateurs d'investir centime par centime, littéralement, est jusqu'à maintenant restée l'apanage de jeunes pousses telles qu'Acorns (la pionnière américaine) ou Mylo (une cousine canadienne). La russe Tinkoff devient une des premières banques à s'emparer du concept.
Initialement développé pour aider les personnes disposant de moyens limités à se constituer une réserve de secours, sans douleur et sans presque y penser, cette nouvelle génération d'acteurs cherche à prolonger le modèle, en conservant ses avantages, vers l'assemblage d'un portefeuille d'investissement, pour un objectif d'épargne à plus long terme, avec l'ambition d'aider tous ceux qui sont intimidés par les marchés, la bourse, les actions… à profiter des opportunités d'une autre classe de produits.
Dans l'implémentation de Tinkoff, le client est invité, après souscription, à mettre de côté automatiquement, au choix, les centimes résultant de l'arrondi de ses dépenses, les intérêts perçus sur son compte courant ou encore les primes de « cashback » dont il bénéficie grâce à sa carte de crédit (dans sa version haut de gamme). Il est naturellement possible aussi de mettre en place un transfert récurrent. Toutes les sommes ainsi collectées sont investies dans un fonds unique composé de supports variés.
Pour le reste, les modalités opérationnelles sont alignées avec les standards du domaine. Tinkoff se rémunère en prélevant des frais annuels modestes (moins de 1% de la valeur moyenne des actifs sous gestion), à l'exclusion de toute autre commission, notamment sur les opérations. Le client peut suivre l'évolution de son portefeuille, à sa convenance, au sein de son application mobile habituelle, où il peut également ajuster les paramètres et effectuer un versement ponctuel en quelques gestes.
Outre son immersion transparente dans l'outil que les consommateurs utilisent au quotidien dans leur vie financière, qui, indubitablement, en facilite l'adoption et en accroît la visibilité, la déclinaison du micro-investissement automatique par une banque révèle ici ses bénéfices particuliers. Sa mise en œuvre sur les intérêts du compte courant, par exemple, représente un moyen judicieux de sensibiliser et éduquer le grand public aux différentes solutions d'épargne, avec leurs caractéristiques respectives.
D'un point de vue plus général, il s'agit avant tout pour Tinkoff d'encourager tous ses clients à explorer un secteur d'activité traditionnellement réservé à une minorité. Or le désir de les assister dans un pilotage optimal de leur patrimoine, aussi sincère soit-il, s'accompagne d'un enjeu plus mercantile de distribuer des produits potentiellement lucratifs. Quand l'intérêt du consommateur (dans la mesure où il est toujours préservé) converge avec celui de l'institution financière, l'innovation devient une évidence…