passager

Publié le 13 juin 2020 par Modotcom

le décès du petit rorqualaprès son aventure joyeuse
le décès de chantel mooreune de plus abattue et dont on ne parle pas
les billets de boucar dioufrodney saint-éloi
et dany laferrière
rappelant l'histoire esclavagisteet tous ces témoignagessuite au meurtre de george floydet la société qui ne changera pasmalgré les marches les manifestationset les soulèvementsil n'y a qu'à penser au printemps érableet à la marche de septembre avec gretaqui ont donné tant d'espoir
et tant de déception
les conflits entre les conspirationnisteset les autres istes de tout acabitles masques à porter ou nonle projet de loi soixante-et-unmême si reportéla prison pour les fraudeursle décès d'un de mes plants de tomates
aussi futile soit-il en comparaison
des souffrances humainesles clivages fondés sur des opinionsle déluge d'informationle désert d'informationles pauvres les malades les junkies
tous ces symboles morbides
de la violence et de la fragilité
de la mort que l'on tente d'étouffer
à coups d'arcs-en-ciel
et banderoles d'espoir sur les balcons
tout cela me rentre soudainement dedanscomme des signes de désespoirde tentatives échouéesde l'histoire qui se répètecomme une cassette sur auto reverse
je tombe sous les coups de canons
j'appelle au secours
c'est moi qui suis maintenant dans le fossé
je ne respire plus
l'humanité me tue
et pourtant je n'ai pas de quoi me plaindre
mais pourquoi suis-je ainsi suffocante
j'ai honte
je ne sais pas quoi faire
je ne sais par quoi commencerj'essaye d'écrire ces lignesavec un chaton qui grimpe partoutà l'aide de ses griffes au péril de sa vieavec une force et une rage de vivreinconscientes du dehors
je ne sais plusj'ai envie de dire que j'étouffemais je ne peux pasparce quetout ne se dit pluson a le droit ou non de criermais les mots deviennent tabous
la vie est bâillonnéenos masques nous musèlentd'abord pour transmettre un viruspuis pour transmettre nos idéesnous sommes confinésphysiquementet mentalement
alors comment penser à l'aveniralors comment réinventer la vieen toute sécuritéet avec l'amour des autres
et puis je sors dehors et il fait beauet j'ai envie de me ruer sur des humainspour les embrasserde courir et marcher sans embâcleet respirer l'air sans filtre
j'ai envie que tout cela cesseil y a quelque chose qui joue dans la têtemais ce n'est pas clairje veux rireet des fois je n'y arrive pas
heureusementc'est bientôt l'étéet les nuages ne sont que passagers
j'enlèverai un jour ce foutu masqueet je pourrai respirer
et penser.