Sous les remparts de Grenade, quand vient la nuit
Et que la lune est pleine,
Entendez-vous le trot des chevaux arabes ?
S’en vont-ils vers la lointaine Syrie, par la route des califes,
Pour rejoindre Damas,
Ou montent-ils la garde dans la torpeur andalouse
Pour défendre les forteresses omeyades ?
Entendez-vous le fracas des sabots
Dans la nuit étoilée de rêves,
Quand le vent soulève le sable ardent en gémissant ?
Est-ce Abd al-Rahman qui s’en revient de Cordoue
Dans son habit d’or,
Suivi par ses guerriers abbassides,
Ou n’est-ce que le vent de la sierra
Qui rend fous les étalons
Quand sur le désert tombe le crépuscule ?
Dans le quartier de l’Albaicin, une femme voilée écoute à sa fenêtre
Les chevaux arabes qui trottent dans la nuit.
Elle rêve au prince des sables sur son alezan
Qui viendrait la ravir et l’emporter dans la nuit.
Dans cette course folle au rythme des sabots
Elle tiendrait la taille de l’homme
Et sous son voile, elle serait déjà nue.