Les taux d'IgG sont au plus haut deux semaines après contamination par le SARS-CoV-2
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L’évaluation du fardeau de la COVID-19 sur la base du nombre de patients bénéficiant de soins n’est pas optimale du fait qu’elle repose à la fois sur la stratégie de dépistage, sur la variation du profil définissant un cas comme pathologique, et sur le stade de la maladie au moment du dépistage. Les enquêtes de profil sérologique basées sur la population, mesurant les anticorps anti-Coronavirus 2 du syndrome respiratoire aigu sévère (anti-SARS-CoV-2) fournissent une méthode d’estimation des taux d’infection et du monitorage de la progression de l’épidémie. Ici, nous estimons la séroprévalence à intervalles hebdomadaires des anticorps anti-SARS-CoV-2 dans la population de Genève, Suisse, au cours de l’épidémie.
L’étude SEROCoV-POP est une étude basée sur la population menée chez des sujets ayant précédemment participé à l’étude Bus Santé et membres de la famille vivant sous le même toit, âgés d’au moins 5 ans. Nous avons réalisé des tests visant à détecter les anticorps IgG anti-SARS-CoV-2 sur chaque participant avec un test ELISA commercialisé. Nous avons estimé la séroprévalence à l’aide d’un modèle Bayésien de régression logistique prenant en compte la performance des tests, après redressement pour l’âge et le sexe de la population genevoise. Les résultats présentés ici sont ceux obtenus au cours des 5 premières semaines de l’étude.
Entre le 6 avril et le 9 mai 2020, nous avons recruté 2 766 participants issus de 1339 foyers, formant un groupe représentatif de la distribution démographique de la population genevoise. Au cours de la première semaine, nous avons estimé la séroprévalence à 4.8% (Intervalle de Confiance [IC] 95% 2.4-8.0, n=341). Le taux de séroprévalence ont évolué ; atteignant 8.5% (5.9-11.4, n=469) au cours de la deuxième semaine, 10.9% (7.9-14.4, n=577) au cours de la troisième semaine, 6.6% (4.3-9.4, n=604) au cours de la quatrième semaine et 10.8% (8.2-13.9, n=775) au cours de la cinquième semaine. Les sujets âgés de 5-9 ans (Risque Relatif [RR] 0.32 [IC 95% 0.11-0.63]) et ceux âgés de plus de 65 ans (RR 0.50 [0.28-0.78]) présentaient un risque significativement plus bas de séropositivité que ceux âgés de 20-49 ans. Après prise en compte du délai de séroconversion, nous avons estimé que pour chaque cas rapporté confirmé, il y avait 11.6 infections déclarées dans la communauté.
Ces résultats suggèrent que la majorité de la population de Genève est demeurée non infectée au cours de vague de la pandémie, malgré la prévalence élevée de la COVID-19 dans la région (5 000 cas cliniques rapportés en moins de 2.5 mois au sein d’une population d’un demi - million d’âmes). Partant du principe la présence d’anticorps IgG est associée à l’immunité, ces résultats indiquent que l’épidémie est loin d’être terminée du fait de la survenue d’un nombre moins élevé de contaminations nouvelles. De plus, une séroprévalence significativement plus basse a été observée chez les enfants âgés de 5-9 ans et les adultes âgés de plus de 65 ans, en comparaison de celle observée chez les sujets âgés de 10-64 ans. Ces résultats représentent une source d’informations intéressant les pays prévoyant l’allègement des contraintes visant à réduire la transmission du virus. Silvia Stringhini, PhD, et al, dans The Lancet, publication en ligne en avant-première, 11 juin 2020
Financement : Office Fédéral de la Santé Publique (OFSP, Suisse), Swiss School of Public Health (programme pour la détermination de l’Immunité Corona), Fondation de Bienfaisance du Groupe Pictet, Fondation Ancrage, Fondation Privée des Hôpitaux Universitaires de Genève, et Center for Emerging Viral Diseases
Source : The Lancet Online / Traduction et adaptation : NZ