Au début de l'épidémie de coronavirus, il y a eu un doute : est-ce une épidémie ? Des tableaux sont sortis qui montraient que le taux de mortalité était faible si on le comparait à d'autres causes de mortalité, qui n'inquiètent personne. Pourquoi le coronavirus n'entrerait-il pas dans la catégorie des fatalités ?
Même après coup, on se pose la question. On a été obligé de parler de "surmortalité" pour évaluer l'impact du coronavirus. Et encore, on peut se demander si c'est un bon indicateur, car, existe-t-il une mortalité "normale" ? Et la surmortalité peut tenir en partie aux mesures prises pour combattre l'épidémie...
D'ailleurs, devait-on arrêter l'économie ? Les économistes, nobélisés parfois, nous ont dit que le confinement allait provoquer une crise pire que celle de 29. Or, 29, c'est Hitler, guerres mondiales et génocides, avec fin nucléaire...
Les Chinois, que l'on a beaucoup critiqués, ont été, au fond, l'exemple même de cette hésitation. Ils ont commencé par dire que ce n'était pas une épidémie, puis que c'en était une. Puis le consensus s'est établi. Les Trump, Johnson ou Bolsonaro, qui ont tenté de résister, ont été balayés.
Cela illustre bien des théories scientifiques. Le principe de la société d'après guerre est le gouvernement par le diplôme. Le diplômé prétend diriger par la "raison". Mais la raison ne permet pas de décider, répondent les spécialistes du cerveau. De ce fait, c'est l'inconscient collectif qui entre en fonctionnement. Et une de ses règles est la "validation sociale" : je fais ce que les autres font. La réponse de l'humanité à l'épidémie a suivi le mécanisme qui décide des modes vestimentaires.
(Paradoxalement, la raison n'est que "sophismes" au sens négatif du terme : par exemple nous savons que ce n'est pas la chute de PIB qui a fait 29, mais les conditions sociales de l'époque. L'argument "baisse de PIB" utilisé par les économistes ne signifie donc pas ce qu'ils laissent entendre.)