Attestation d'écriture

Hier soir, l’atelier d’écriture reprenait à la MJC Mercoeur, à Paris.

Chacun.e a choisi un personnage décrit par Philippe Claudel dans son livre sur des amoureux des livres. Pour moi, ce fut celui de la page 98. Puis il fallait écrire un texte s’appuyant sur l’attestation de déplacement dérogatoire des mois de mars et avril.

Voici ce que j’ai écrit :

En application des articles 1984 à 2001 du décret prescrivant l’écriture des romans du XXIe siècle,  je, soussigné Bonnard Pierre, certifie que mon oeuvre existe bel et bien et que je ne peux cependant pas la laisser imparfaite sur les rayonnages des bibliothèques et des librairies. Comme mon homonyme, le peintre qui n’hésitait pas à ajouter du jaune à son mimosa exposé dans les musées ou du blanc dans son amandier, il m’arrive de retoucher un détail sur ma toile. Pour pouvoir mener les corrections dans ces établissements ouverts au public, je dois pouvoir y entrer librement, consulter les ouvrages présents, s’il y en a, et, le cas échéant, raturer ce qui est en trop, ajouter ce qui manque. Il est donc indispensable de me laisser entrer, par dérogation si vous voulez, mais ces modifications ne peuvent être assurées à distance. Je certifie que les livres ainsi caviardés ou enrichis sont mes livres et que je ne me permettrais pas d’intervenir dans des ouvrages d’autres auteurs. Mes livres portent mon nom sur leur couverture comme les cahiers d’écoliers portent le nom de leurs petits propriétaires. Mes reprises font de mes oeuvres des organismes vivants, un peu comme mes enfants, et il serait préjudiciable de m’interdire de voir mes enfants, de les corriger s’ils font un pas de travers. De plus, je certifie être dans l’obligation de me rendre partout où sont mes livres et pas seulement près de mon domicile, parce que mon éditeur en a publié plusieurs centaines et qu’ils sont donc dispersés dans tous les lieux de littérature ; je dois  au moins vérifier cela et, après cette vérification, procéder aux changements nécessaires, qu’ils soient importants ou infimes. Ces activités seraient autorisées uniquement chez moi ou dans un rayon d’une heure de mon domicile ? Ce serait négliger mon souci d’amélioration pour tous et en tous lieux. Je certifie agir sans l’aide ou la proximité de qui que ce soit, remettre l’ouvrage à sa place sur le rayonnage où je l’ai trouvé, ce qui me paraît relever d’une mission d’intérêt général.

Demain, je modifierai cette attestation quotidienne démontrant le soin que j’apporte à mon écriture.