Ingmar Bergman a un jour dit que Luis Bunuel a presque toujours fait des films de Bunuel.
Il est vrai que le cinéma de Bunuel était unique.
La technique de tournage de Bunuel était fortement influencée par la mise-en-scène, le montage sonore, et son utilisation de la musique. Sa manière de tourner montrait une approche favorable au surréalisme tout en gardant toujours un oeil très critique sur la religion. Il était très athée. Il tournait très économiquement terminant ses tournages souvent en quelques semaines seulement et tournant des scènes les plus longues possibles afin de limiter le montage qui défiait sa patience. Dès 1928, Bunuel a comme philosophie d'être le plus en mesure de voir le film entier dans sa tête avant même de le tourner.
Un peu comme Hitchcock, il misait beaucoup sur l'efficacité et la préparation afin que tout le monde saura ce qui sera monté et comment avant même que la scène soit tournée. Jeanne Moreau disait de lui qu'il ne gaspillait jamais un plan, disant "action" au début, et "coupez!" à la fin, avec tout le monde sachant que ce qui s'était passé entre les deux mots seraient à l'image. Il était le contraire de Kubrick, là dessus.
J'ai trois films de Bunuel chez moi. Difficile dans ses distributions, ses films ne sont jamais faciles à trouver. J'avais trouvé, il y a quelques années, L'ENSEMBLE des films de Bunuel sur EBay pour 0,01 cent. D'un pays d'Asie. C'était trop beau pour être vrai. Ils m'ont réécrit pour dire que c'était une erreur et mon envoyé, pour se faire pardonner, un sou local apparemment rare. Ce qui était tout aussi insultant. Je me suis torché avec. Dans le plus pur esprit Bunuel. Qui était rebelle.
Mais avec le temps, j'ai réussi à me trouver 3 films de Bunuel ici et là.
Je vous les présente.
Belle de Jour (1967)
Avec Catherine DeNeuve, Jean Sorel, Michel Piccoli, Macha Méril, Françoise Fabian, Geneviève Page, Francisco Rabal et Pierre Clémenti.
Inspiré du roman de Joseph Kessel de 1928 du même nom, une jeune femme mariée, pour tromper l'ennui, choisit, de jour, de devenir prostituée haute classe.
Héroïne Bovarienne incapable de vivre dans un milieu social qui l'étouffe, portrait de la bourgeoisie épanouie dans l'abandon sexuel. Certaines scènes ne sont pas claires à savoir si elles ont réellement eu lieue ou si elles ne sortent pas de l'imagination ou des fantasmes de Séverine (DeNeuve). Présentation du conflit entre le plus tendre amour et l'exigence rationnelle des sens. Portrait de femme ambigu, troublant, croisant rêve et réalité, dans un exercice de vice transfiguré.
C'est Scorsese qui s'assure que le film soit dispo quelque part en DVD, en 2002, Merci Marty!
La Voie Lactée (1969)
Avec Paul Frankeur, Laurent Tierzeff, Alain Cuny, Pierre Clémenti, Michel Piccoli, Edith Scob, George Marchal, Delphine Seyrig et Daniel Pilon.
Deux hommes prennent la route des hérésies religieuses, défiant le temps, croisant un Jésuite, un Jansénite, des ecclésiastes, le diable, la vierge, le Marquis de Sade, Jésus, et même le scénariste Jean-Claude Carrière dans la peau d'un Priscillien. Récit picaresque sur la route de Saint-Jacques-de-Compostelle non pas dans le but de "pélleriner" mais dans le but précis de détrousser les naïfs pellerins. Toutes les hérésies soulevées sont tirées de vraies écrits religieux ridicules. Bunuel était un profond athée (like me) et ne gêne pas dans ce film pour nous montrer l'absurdité du chrisitianisme de manière onirique, comique et biscornue. Très amusant. La présence d'un jeune Daniel Pilon aussi. Premier volet de la trilogie de la recherche de la vérité.
Le Charme Discret de la Bourgeoisie (1972)
Avec Fernando Rey, Paul Frankeur, Delphine Seyrig, Stéphane Audran, Bulle Ogier, Jean-Pierre Cassel, Michel Piccoli et Claude Plépiu.
Un trio de couple bourgeois tente tant bien que mal de s'assoir ensemble et de manger, ce qui est toujours contrecarré par un quelconque événement. 5 fois on tente de manger ensemble et jamais on y arrivera. La première moitié se concentre là-dessus. La seconde nous montre les rêves de quelques uns d'entre eux, et, encore, on croise rêves et réalité. Trois rêves de Bunuel sont inclus dans le film. Celui d'être sur scène et d'oublier ses lignes, celui de suivre son cousin mort dans une maison pleine de toiles d'araignées et celui de se réveiller face à ses parents décédés. Étrangement, extrêmement drôle. Oscar du meilleur film en langue étrangère. Second film de sa trilogie de la recherche de la vérité.
Le Fantôme de la Liberté est le dernier film de sa trilogie La Recherche de la Vérité.
Toujours co-scénarisé avec Jean-Claude Carrière.
Jamais vu.
3 autres films de Bunuel seraient dans ma mire de consommateur:
Tristana, Cet Obscur Objet du Désir et Virdiana
Un jour peut-être...
Marty?