Peu à peu, la sensation d'étouffement par cette dernière se fera progressivement. En effet, Karine Viard est au centre du film et nous épate à chaque moment au point de mettre mal à l'aise le spectateur. Ce deuxième long-métrage réalisé par Lucie Borteleau se glisse lentement par un climat anxiogène. La tension est omniprésente et le spectateur sursaute plusieurs fois devant l'aliénation de l'état psychologique de l'héroïne. Les enfants Adam âgé de dix mois, et sa grande sœur Mila, âgée de 5 ans, seront traités de manière étrange par la nounou, malgré cela, les parents n'y verront quasiment rien.
Le déroulement des évènements est d'autant plus troublant qu'à aucun moment Louise n'est décrite comme une bête sauvage. "Il y a des moments où elle est désarmante et émouvante", confie son interprète Karin Viard, qui pense que si Louise "avait été entourée, elle n'aurait pas basculé dans la folie". Une analyse que partage Lucie Borleteau. "Louise est un personnage ambivalent. J'ai aimé le fait que le roman ne la condamne pas. Comme le dit Leila Slimani, on a tous une Louise en nous, et c'est peut-être ça qui nous fascine autant".
"On est dans une société très violente, notamment à l'encontre des criminels ou des gens qui commettent une faute", dénonce Leïla Slimani, qui rappelle son attachement à la présomption d'innocence. "Même les monstres ont une histoire. Ils ont le droit qu'on la raconte et qu'on les considère comme des êtres humains".
Même si les passages marquants du roman sont bien présents, l'atmosphère du roman est difficile à retranscrire. Pour cela, le choix d’un déroulement chronologique a été adapté au cinéma. " Chanson douce " relève alors plus du thriller psychologique, alors que le livre a recours à l’analepse, en ouvrant la première page, on tombe directement sur une scène tragique du meurtre des deux enfants, avec cette première phrase : «Le bébé est mort.» A sa sortie, le mercredi 27 novembre 2019, ce film a su effrayer un bon nombre de parents. Et à juste raison puisqu'il s’attaque à l’infanticide. Inspiré d'un fait divers réel survenu à New York en octobre 2012. La famille Krim, avait une nounou portant le nom de Yoselyn Ortega qui travaillait pour eux depuis 2 ans, jusqu'à ce qu'elle commette l'irréparable.
Le 25 octobre 2012 dans l'après-midi, Marina Krim, maman de trois enfants rentre chez elle avec sa fille Nessie, marchant vers son appartement dans l'Upper West Side, loin d'imaginer une horreur pareille. En ouvrant la porte, elle découvre ses deux enfants poignardés, et la nounou s'étant égorgée mais toujours vivante. Cette dame âgée de 57 ans a été condamnée à la prison à perpétuité en mai 2018, pour le meurtre de deux enfants dont elle avait la garde en 2012.
Les deux enfants Lucia, 6 ans, et Leo, 2 ans, avaient été frappés à coups de couteau de cuisine dans la salle de bains. Le père, Kevin Krim, est en voyage. La mère, Marina Krim, allait chercher avec son troisième enfant, Nessie, Lucia à un cours de danse où la baby-sitter était censée l'amener. Selon le récit de la procureure Courtney Groves, non contesté par la défense, Marina Krim retrouve Yoselyn Ortega - surnommée "Yosi" par la famille Krim - debout dans la salle de bains, les deux enfants morts, ensanglantés, l'un sur l'autre dans la baignoire.
Pourtant, cette nounou était irréprochable. En deux ans et demi, la mère des enfants assassinés ne se souvient que d'"une vraie dispute" : lorsqu'elle a voulu l'aider à améliorer ses revenus en lui proposant de faire des heures supplémentaires pour une amie. Yoselyn Ortega lui a répondu "de façon choquante", explique Marina Krim. Cette dispute inhabituelle a été vite oublié, puisque les Krim sont allés avec elle en vacances en République dominicaine en février 2012, en passant même deux jours dans la famille de la nounou. On aurait tellement aimé que le monde d’après soit différent. On en a rêvé, on a voulu y croire. Comment le monde pouvait-il ne pas changé après être resté enfermé pendant 2 mois sous la menace d’une contamination mortelle ? Et après que nous ayons...