dans le silence où tu te découvres
en toi-même vainqueur de ton image impure
chaque jour il faut se vaincre
tombé plus bas qu’automne de misère
dans la rupture des portes
le froissement des feuilles
chaque jour une force nouvelle
quand tant d’autres sont tombées
sous le rire hideux des mitraillettes
l’injure des pas cadenassés
la honte l’amère compagne
chaque jour le sursaut du réveil
comme un coup d’espace blanc
la déchirure celle où la mort se présente
claquant les talons
mais la vie qui fermente en nous
chargée d’épouvante au fil de la tendresse
vous fera passer le rire
chevaliers sans peur au ricanement d’eau morte
de force perdue
***
Tristan Tzara (1896-1963) – Poésies complètes