Au fil du temps, les élus locaux de la Normandie comprennent l’intérêt qu’ils peuvent tirer de la commémoration d’un tel événement. Ils créent des musées et tentent de protéger le patrimoine lié au débarquement comme par exemple le pont artificiel d’Arromanches. Et ça marche ! Les vétérans et leurs descendants vont venir toujours plus nombreux jusqu’à aujourd’hui visiter la Normandie en famille. Elargi à d’autres curieux et passionnés de l’histoire, le mouvement prend la forme d’un « tourisme de mémoire » qui naît et se développe. Excellent pour l’économie de la région. Sauf… Sauf cette année. Les cérémonies et commémorations 2020 sont en effet annulées. En cause : les incertitudes liées aux conditions de déconfinement en particulier sur les plages du littoral du Calvados qui, au moment où il fallait prendre les décisions organisationnelles préfectorales, restaient dans une sorte de « zone interdite ». La mesure régionale s’inscrit d’ailleurs dans un cadre restrictif national. Depuis le 13 avril 2020, l’Etat français a pris la décision de ne pas autoriser les rassemblements publics et l’organisation de festivals jusqu’à la mi-juillet en raison de la crise sanitaire Covid-19. Selon le Comité du Débarquement, il y aura juste une brève cérémonie internationale de dépôt de gerbes à Vierville-sur-Mer, derrière la plage d’Omaha-Beach. Seront présents un ou deux représentants de chaque pays allié et de l’ambassade d’Allemagne. Aucun public n’est invité à y assister. C’est la première fois que cela se passera ainsi depuis…et bien, depuis 1945.
Pour pallier à la situation, des cérémonies en comité restreint devraient être toutefois organisées par les autorités locales (dans le strict respect des règles sanitaires). Par ailleurs plusieurs initiatives individuelles sont prises en guise d’activités supplétives de commémoration. Gaétan Dugué, soignant en unité Covid et passionné d’histoire, appelle à la mise en œuvre d’actions digitales. Il invite ainsi toutes les personnes présentes en Normandie du 5 au 7 juin à retransmettre en direct et en différé les événements commémoratifs sur leurs comptes Facebook ou YouTube afin de permettre à un public large de communier à la Journée. De son côté, Nicolas Bellée, cofondateur du Normandy Victory Museum à Carentan (Manche), propose aux différentes instances de la région de faire sonner les cloches des églises pendant 2 minutes le 6 juin à 18h44. Le symbole est fort. Et l’idée fait son chemin de part et d’autre de l’Atlantique. On aurait tellement aimé que le monde d’après soit différent. On en a rêvé, on a voulu y croire. Comment le monde pouvait-il ne pas changé après être resté enfermé pendant 2 mois sous la menace d’une contamination mortelle ? Et après que nous ayons...