Bien sûr, elle fait des listes, Clémentine Mélois, des listes de titres de livres, ceux de sa bibliothèque, ceux des piles qui s’élèvent à son chevet. Mais ce ne sont pas que des listes. Elle y est, elle y vit, elle ne doit pas oublier d’aller faire des courses aussi. Et, comme elle écrit n’aimer la mer que depuis la terre, elle nous embarque dans les histoires qui l’ont embarquée : Moby Dick, la Terre du Milieu, des récits de Roald Dahl… Des histoires qui prennent naissance dans les mots avant de raconter des personnages. Une madeleine dite de Proust sur une aire d’autoroute nous entraîne dans son enfance dont elle regrette la disparition du Capitaine Iglo ou de Prosper le roi du pain d’épices… Elle était encore en CM1 quand un texte d’elle (« cinq lignes, quatre points d’exclamation ») reçoit le premier prix des Éditions Gallimard : une invitation au Salon du Livre et, quelques mois plus tard, trois cent soixante cinq livres dans un colis ; « c’est quelque chose pour une petite fille de neuf ans qui aime déjà lire ». Un magnétoscope et une cassette présentant la fabrication d’un livre font aussi partie du prix. Ne pas chercher ailleurs le goût que Clémentine Mélois a développé pour les titres, les couvertures, et pour toute la vie, toutes les vies qu’on trouve dans les pages.
J'allais oublier l'exergue de son livre : « Que d'autres se vantent des pages qu'ils ont écrites ; moi je suis fier de celles que j'ai lues. » (Jorge Luis Borges)