Motiver un jeune à travailler régulièrement

Publié le 28 juin 2007 par Séverine Scott Tchuente
Réponse à une question de zazou99 : comment motiver un jeune à travailler régulièrement et pas à la dernière minute ? Plusieurs possibilités :faire appel à un modèle : que ce soit en danse, en sport, en musique etc. , même les plus grands s'astreignent à des répétitions quotidiennes. Eux visent l'excellence. Si nous visons la moyenne, pas besoin de cet effort incessant, mais tirons des leçons de leur pratique. Même la meilleure chanteuse de rap, si elle avait l'idée saugrenue d'inventer une chanson et de la présenter pour le concert du lendemain, quelle seraient ces chances de succès ? Que dire de nous, humble mortels moins doués de talents ?Deuxième possibilité : faire appel aux connaissances du fonctionnement de la mémoire : ce qui est appris juste avant une épreuve a peu de chances d'être retenu sur le long terme. Selon la théorie de la mémoire de travail, nous avons d'autant plus de chances de retenir un élément que celui-ci est familier (fréquence d'occurence ; ndlr : occurence =  nombre de fois que cet élément apparaît) et sa connexité, ou le nombre et la force des relations qu'entretient l'item considéré avec les autres informations du même domaine.Exemple : si vous êtes un passionné de voitures, vous retiendrez rapidement le nom d'un nouveau modèles et ses qualités propres que vous comparerez avec celles d'anciens modèles de la même marque, d'autres marques etc. (familiarité + connexité fortes). Si les voitures ne vous intéressent pas, vous comprendrez rien à ce genre de discussion, vous retiendrez peu de temps le nom de la voiture en question et vous attendrez la fin de la discussion en sirotant un café (familiarité + connexité proche de 0).Ce qui précède nous fait comprendre que l'apprentissage de quelque chose à la dernière minute a bien des chances de disparaître rapidement dans les oubliettes de notre cerveau. Parce qu'il n'y a pas de familiarité (on l'a vu la veille + en cours, soit seulement 2 occurences) et l'item est sans doute mal connexé (on a pas eu le temps d'avoir des associations d'idées, de voir le lien avec le reste du cours, une autre matière etc. ). En revanche, un apprentissage étalé sur plusieurs jours, des révisions de temps à autre, ont de bien plus grandes chances de donner un résultat probant. Ce qui essentiel parce que les programmes scolaires sont pour l'essentiel bâtis en forme de spirale : l'année d'après, on reviendra sur cette notion en l'aprofondissant. Bref, cet oubli précoce portera à conséquences. Si on a de la peine dans une branche, c'est bien souvent parce que les différents items sont mal connectés (il y a des pans du programmes non assimilés) et pour s'améliorer, il faut recréer des liens entre ces différents items, et ça, ça prend du temps !Cela dit, si c'est quelque chose qui nous passionne, tout élément entrant a d'emblée une forte connexité et un apprentissage à la dernière minute ne nuit pas vraiment. Si j'ose un exemple personnel, lorsque je cherche un mot dans mon dico d'anglais, je m'en souviens à vie (pour des raisons liées à mon histoire personnelle), tandis que pour l'allemand, c'est pas du tout le cas (mince alors ! Et puis c'est quoi cette manie d'avoir tous ces mots qui commencent par "ver" qu'on embrouille à l'infini !).Troisième possibilité : proposer des stratégies d'apprentissage en adéquation avec les points forts et faibles de l'élève : plus un élève est faible en une matière, plus apprendre à la dernière minute est une mauvaise stratégie (pour les raisons exposées ci-dessus). En revanche, ça peut passer pour les branches les plus fortes. Mais là, justement, les élèves ont tendance à paufiner puisque ça les passionne ! Néanmoins, les rendre attentif à ce phénomène pour qu'il divise de manière plus judicieuse le temps qu'il consacre à l'un ou à l'autre thème. 4ème possibilité : leur donner des grilles de travail où le temps consacré à une matière apparaît graphiquement cumulé. IL est plus motivant de voir qu'on a travaillé 2h30 une matière que chaque jour une matière pendant une demi-heure.