Le 250e anniversaire de naissance Manuel Belgrano dans la presse argentine [Actu]

Publié le 03 juin 2020 par Jyj9icx6

Página/12 a choisi une photo très belle du nouveau monument inauguré le 27 février dernier
à Rosario, sur le bord du fleuve Paraná, où Belgrano avait arboré le drapeau pour la première fois


Maigre collecte dans les journaux d’envergure nationale en ce jour où toute l’Argentine aurait dû multiplier les hommages à Manuel Belgrano sous toutes les formes (prises d’armes, dépôts de gerbes, concerts, expositions, conférences en veux-tu en voilà), si une crise sanitaire n’était pas venue tout détruire : le dimanche 3 juin 1770, dans une maison qui a disparu depuis et dont j’ai repris la photo sur un visuel annonçant dimanche dernier mes propres activités de ce jour, le premier intellectuel argentin, l’artisan de la révolution et de l’indépendance et le créateur du drapeau national voyait le jour dans une grande famille italo-argentine qui allait compter jusqu’à seize frères et sœurs dont quatorze arriveraient à l’âge adulte. C’était un jour de Pentecôte.

Clarín a préféré cette composition de Vior pour illustrer son article


Seuls Página/12 et Clarín ont songé à cet anniversaire, le premier en publiant deux billets d’opinion, dont celui d’un universitaire qui partage son enseignement entre deux universités à 80 km de distance, la UBA (Buenos Aires) et la UNLP (La Plata), l’autre en resservant (1) à ses lecteurs un article de vulgarisation de Felipe Pigna, dont le penchant péroniste n’est pourtant pas la tasse de thé de ce quotidien.
Ni La Nación, fondé par le premier historien argentin dont le premier ouvrage d’histoire publié fut une biographie de Belgrano, devenue un ouvrage de référence incontournable pour bien des auteurs en Argentine (2), ni La Prensa, le quotidien de la droite catholique, n’en touchent un seul mot dans leur édition en ligne d’aujourd’hui. Certes, la nuit dernière, il s’est produit dans un quartier de Buenos Aires une double explosion mortelle qui a coûté la vie à deux pompiers et les journaux de ce matin sont pleins de photos de la tragédie, mais le fait divers, aussi épouvantable qu’il soit, n’excuse en rien cette abyssale négligence culturelle.
Pour aller plus loin : lire le premier billet de Página/12 qui rappelle les pans principaux de la vie du général lire le second billet où il est question de l’idée que Belgrano se faisait de l’injustice lire l’entrefilet de Felipe Pigna dans Clarín.
(1) Cet entrefilet était déjà paru le 29 mai dernier. (2) Ce premier biographe était un homme politique libéral et anglophile. Bartolomé Mitre (1821-1906) est celui qui a inscrit dans le marbre quelques idées bien arrêtées sur les événements qui ont fondé l’Argentine. Ce n’était pas un historien au sens scientifique du terme (il suffit de prendre en considération ses dates pour le comprendre) et cette vision, que son talent littéraire et politique a imposée, est largement contestée à gauche, notamment par Felipe Pigna. Ce qui rend ce paysage journaliste encore plus surréaliste aujourd’hui.