Joie, bonheur et petits fours frais : la Cour des comptes a enfin un président tout neuf ! Pierre Moscovici, ex-député, ex-ministre, ex-commissaire européen devient donc le premier président de la Cour des comptes, en remplacement de Didier Migaud, après cinq mois où le poste fut laissé vacant.
Certes, c’est nettement plus que les deux semaines nécessaire pour faire passer le Ministère de l’Intérieur du Collomb au trou du cul au Castaner : Emmanuel Macron a, comme souvent, pris son temps pour confirmer là le vieil énarque de 62 ans qui continue donc à sévir au lieu de prendre une retraite sinon méritée au moins salvatrice pour les finances françaises. Beaucoup verront dans cette décision si tardive la marque claire que les prétendants au poste ne se bousculaient pas, ou que leur valeur ou leurs avantages pour l’actuel président n’étaient pas manifestes au point d’écourter sa réflexion…
En définitive, même si cela ne sera surtout pas présenté ainsi, c’est donc très clairement « faute de mieux » que Moscovici finit par décrocher la timbale. Et lorsqu’on épluche le passé du brave petit Pierre, on découvre surtout un gros passif, le nom, pas l’adjectif, tant il est clair que Moscovici aurait été tout sauf passif lorsqu’il s’est agi de piloter sa carrière.
Mais son bilan est sans appel : s’il fut assez fadasse comme député et n’a clairement pas marqué les grandes pages de l’Histoire de France ou, plus modestement, de la Cinquième République, son passage au Ministère de l’Économie permet d’établir assez clairement qu’en tant qu’énarque, il n’a pas failli à leur réputation de jacobins amoureux de la dépense publique et de la décontraction dans la distribution de l’argent des autres.
Ministre de l’Économie pendant le quinquennat de Hollande, il aura réussi le tour de force d’accroître les impôts français, déjà parmi les plus élevés au monde, de plus de 52 milliards d’euros, et la TVA intermédiaire (qui passera de 7 à 10%). Mieux encore : cette augmentation sera massivement subie par les classes moyennes, en parfaite contradiction avec les promesses des socialistes aux élections présidentielles. Joie et bonheur, plus de 800.000 foyers jusqu’alors non-imposables viendront grossir les rangs des moutontribuables grâce à Pierre le ministre.
Les efforts héroïques du ministre ont payé puisque ces différentes mesures aboutiront à une baisse historique du pouvoir d’achat des ménages français. Le pompon reste que cette collecte massive d’impôts supplémentaires ne servira même pas à redresser les finances de l’État qui verra son endettement et ses déficits budgétaires exploser chacune des prédictions foireuses que notre ministre enchaînera avec le flegme de celui qui ne paye pas.
Remercié de cette brillante nullité à la fin du gouvernement Ayrault II (nullité d’ailleurs officiellement sanctionnée dans un article du Financial Times), Moscovici aura ensuite fait des pieds et des mains pour récupérer un poste de commissaire européen qu’il lui sera, bien sûr, octroyé ; au moins cela aura-t-il eu comme bénéfice de rappeler un message essentiel : engagez-vous en politique, flattez les égos, tissez des relations avec les bonnes personnes, huilez les bons rouages et vous obtiendrez plus que vous ne pouvez l’imaginer, même si aucun résultat ne peut être mis à votre crédit…
Comme prévu, il devint donc Commissaire européen après une audition douloureuse où il n’aura convaincu personne tant il lui fallait camoufler qu’il aurait à faire respecter des contraintes budgétaires au niveau européen qu’il fut parfaitement incapable de faire respecter au niveau français.
Depuis, le politicien aux costumes de luxe « offerts par un ami » chez le tailleur de Fillon aura passé son temps à faire la leçon aux pays membres de l’Union, enjoignant les uns et les autres à la rigueur et la bonne gestion financière, au premier rang desquels la France qu’il s’empressera de surveiller dans sa chute, avec tout le cynisme de celui qui avait été aux premières loges pour l’y pousser.
Son retour en France sous les vivats très mous d’une foule assez moyennement en délire ne fait finalement qu’illustrer une nouvelle fois que le pays n’arrive pas à se débarrasser de ses boulets.
Décidément, le « nouveau monde » politique de Macron ressemble encore et toujours à l’ancien, délicieusement socialiste, délicieusement rempli de cette génération d’énarques à la compétence micrométrique qui se cooptent tous humidement les uns les autres pour les fromages républicains, à l’instar des Royal, Delevoye ou tant d’autres qui multiplient émoluments et jetons de présence aux frais du contribuable. Le fait que Macron doive piocher dans ce vivier de catastrophes ambulantes pour pourvoir à des postes jadis prestigieux donne une idée précise de l’ampleur du désastre français, et de la direction dramatique que prend le pays, cornaqué n’importe comment par un type ne sachant finalement pas s’entourer…
Moscovici fut nul comme énarque, nul comme homme politique tant en France qu’au parlement européen, nul comme ministre de l’Économie qu’il laissa en ruines, et enfin nul comme commissaire européen.
On peut donc déjà raisonnablement qualifier son prochain parcours à la Cour des comptes. Au moment crucial où la France est au plus haut de ses finances et où ses comptes baignent dans l’opulence (avec 11% de récession attendue à la fin de l’année, nul doute que Moscovici saura attirer l’oeil du gouvernement sur les solides sources d’économies de l’État), on peut admettre que l’arrivée de ce type là, à ce poste là, dans ces circonstances là augure du meilleur.
Ce pays est foutu.
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