Chaque mois, dans les 10 premiers jours, tout comme je le fais pour la littérature (dans les 10 derniers) et tout comme je le fais pour la musique (vers le milieu( je vous parle de l'une de mes trois grandes passions, le cinéma.
J'y ai travaillé, je l'ai étudié, j'en suis sorti, mais le cinéma n'est jamais sorti de moi.
Je vous parle d'un film qui m'a séduit pour son audace, pour son sujet, sa réalisation, sa musique, sa cinématographie, son histoire, ses interprètes, ses trouvailles, son montage, souvent tout ça. Je vous parle d'un film dont j'ai aimé pas mal tous les choix.
Et un film, qui, bien souvent, j'ai chez moi.
WESTWORLD de MICHEAL CRICHTON.
1973.
J'ai 1 an. Je n'ai pas vu le film. Micheal Crichton, un écrivain de 29 ans quand j'ai 7 mois et il écrit Westworld. Crichton est l'auteur de 11 livres déjà, souvent sous des pseudonymes, mais pas pour The Andromeda Strain qui a eu un tel succès qu'on l'a fait en film deux ans plus tard. Ça a donné l'envie du cinéma et de la télé à Crichton. Il scénarisera des histoires pour trois téléfilms, tournera un de ceux-là, avant d'avoir l'envie du film.
L'agent de Crichton lui fait rencontrer un producteur avec lequel il se lie vite d'amitié et ils choisissent de faire un film ensemble. On présente le scénario à tous les studios qui le refusent unanimement sauf MGM. Si on a le choix, fin 1972, de tourner un film, on ne le fait pas avec MGM qui a frustré et froissé Robert Altman, Blake Edwards, Stanley Kubrick, Fred Zinneman et Sam Peckinpah.
De la pression non raisonnable, des changements arbitraires au scénario, de la post production inadéquate, du remontage cavalier sans préavis ni consultation, la réputation de MGM est infâme. Si on peut choisir, on ne travaille pas avec eux. Mais on a pas le choix. Ils sont les seuls intéressés. Crichton, dont c'est le premier film comme réalisateur, n'aura aucun mot à dire sur le casting, qui ne sera final que 48 heures avant le premier jour de tournage et on lui demande au jour 1 de faire des modifications au scénario. Mais dans l'ensemble, MGM se comporte légèrement mieux qu'à l'habitude. Ça leur servira, le film leur fera faire beaucoup d'argent.
Yul Brynner, qui sera un fameux androïde, accepte de tourner pour 75 000$ parce qu'il a besoin de cet argent. Le film sera tourné pour la modeste somme de 1 millions 250 000$. Et rapportera 4 millions avant la fin de l'année et 3 millions de plus, trois ans plus tard. Excellent retour sur investissement. Et excellent film.
Westworld raconte l'histoire dystopique se déroulant en 1983, d'un lieu de vacances pour gens très riches, à 1000$ la journée, les plaçant dans trois "mondes" différents, au choix. Certains choisiront la Rome ancienne à Pompéi. D'autres l'Europe médiévale avec ses princes, princesses, rois et reines. Finalement, il y a aussi le spectaculaire milieu du far-ouest, avec ses saloons, ses cowboys, ses chevaux et ses duels. On peut avoir des rapports sexuels avec les androïdes offert par la compagnie Delos.
Le film sera tourné en 30 jours.
Peter s'y rend pour la première fois, John y a déjà été et y amène son ami, Peter. Le premier est joué par Richard Benjamin (dont je vous reparle dès demain) et le second par James Brolin (le père de Josh). On ira dans le far-ouest. Les trois mondes sont peuplés par des androïdes à l'apparence 100% humaine. Toutefois, une infection parmi les robots fera en sorte que rien ne se déroulera comme originalement anticipé. Même si un "sensor" empêche un invité d'en tuer un autre. Quand un serpent fait preuve de défectuosités, c'est le début de la fin. La dernière demie-heure est presque sans dialogues.
2013, dans une épicerie, je tombe sur une copie du film à 3,99$ (ou moins). Pour les 40 ans du film, on se débarrasse à bas prix probablement pour en faire une copie anniversaire.
Je n'hésites pas. Et achète. Excellent retour sur investissement aussi.
Dès le départ de ce film dystopique, l'appareil faisant circuler les clients, ne semble voler qu'au niveau du sol. On sait tout de suite qu'on est transporté dans un drôle d'univers. Il est aussi très amusant d'y trouver un jeune Dick Van Patten, que je connaîtrai dans les années 80 comme le sympathique père de Eight is Enough, client improvisé shérif.
Yul Brynner y est remarquable. Franchement parfait. Dès sa première scène. Son costume étant copié sur celui de son personnage dans The Magnificent Seven, tourné 13 ans plus tôt.
La musique est un croisé de folk traditionnel, de western music et d'électronique.
Cette dernière musique est principalement utilisée lorsqu'on montre des employés de Delos, la compagnie les entraînant dans Westworld, ramassant les androïdes assassinés du jour, la nuit. Lorsqu'on voit l'envers du décor des mondes. La disposition des androïdes anéanti sur les tapis roulant menant à des laboratoires où on les retravaille est fort intéressante (la période de réparation). Tout ce qui se passe dans le laboratoire est aussi très intriguant.
À 1h28, le film ne nous livre que l'essentiel et on a pas le temps de s'y ennuyer. One Thing Leads to Another auraient dit les gars de The Fixx...justement, en 1983...
Bien que Crichton ne voulait pas commencer sa carrière de cinéaste avec un film de science-fiction, son premier film n'est pas fâcheux du tout. Un effet spécial contre Brynner l'androïde en fin de film est fort crédible. Bien que le sang ne soit nullement convaincant (mais ce sont des androïdes, leur sang est aussi faux qu'eux), le film sera le premier à utiliser l'effet de pixelisation ensuite connu pour masquer les gens voulant rester anonymes sur images. L'effet sera utilisé pour montrer le point de vue des androïdes.
Certains moments sont très habiles, comme les techniciens n'arrivant plus à reconnaître le client de l'androïde, mais d'autres sont hilarants de maladresse, comme ce technicien incapable de sortir du laboratoire (car les malfonctions les y ont embarrés) et qui regardera la caméra, suant démesurément de ses efforts pour ouvrir la porte.
On y visite principalement le monde western, un peu le monde médiéval et à peine la Rome antique.
Sinon dans la violence.
En cette ère où on a un peu tous besoin d'évasion, j'ai pensé que ce film, d'une durée parfaite d'une heure 28, peut facilement vous divertir comme ça l'a fait avec moi. Qui suit le contraire d'un fan de Micheal Crichton.
De plus, ça vous mettrait dans le bain de la série tirée du film, commencée en 2016, qui en a été à sa troisième saison jusqu'en mai dernier. Et dont la quatrième saison sera éventuellement tournée.
Si la pandémie peut nous sortir du marasme.