Ce théâtre est lié à l’histoire contemporaine de l’Albanie. Le premier procès intenté en 1945 aux artistes et intellectuels par le régime communiste. Mais aussi “ C’est sur cette scène que Shakespeare a parlé albanais ” rappelle le réalisateur Robert Boudina.
La plupart des comédiens, une grande partie de la population et les partis d’opposition rejettent ce projet de nouveau théâtre dans lequel ils n’ont pas confiance et pensent qu’il s’agit plutôt d’une vaste opération immobilière avec des tours. Le projet est de lui substituer un édifice plus moderne avec l'aide du bureau danois Bjarke Ingels Group, BIG. Ce qui n’empêcha pas le gouvernement de décider dès 2018 la démolition du théâtre et le déménagement temporaire dans un autre quartier deTirana. Le nouveau théâtre sera construit à l’emplacement de l’ancien.
L e Théâtre national datait de 1939, à l’époque de l’occupation italienne de l' Albanie. Oeuvre de l’architecte italien Giulio Bertè dont de multiples édifices transformèrent la physionomie de Tirana.
C’était d’abord un cinéma, devenu une salle de spectacles pour les militaires italiens. Au printemps de 1945, il reprend une nouvelle vie, il aura plusieurs noms, le dernier étant Teatri Kombëtar.Théâtre National. On y donne des pièces albanaises et étrangères en traduction. Il connut son âge d’or dans les années 60 et 70 avec des comédiens célèbres. Le répertoire français y est privilégié, Beaumarchais, Hugo ou Claudel notamment. Lors de la réouverture en 1945, «Topaze» de Marcel Pagnol fut la première pièce proposée.
L'"Alliance pour la protection du théâtre" qui réunit personnalités publiques, historiens, architectes, universitaires et journalistes albanais insiste sur la valeur historique et esthétique de l’établissement et demande dans ses pétitions de ne pas effacer la mémoire collective et si un nouveau théâtre est le bienvenu, il n’est pas nécessaire de détruire l'ancien et qu’il voudrait mieux le rénover..On osa même “Même la dictature communiste ne l'a pas démoli”
Une semaine avant la démolition et même si l’Albanie ne fait pas encore partie de l’UE, la Bulgare Mariya Gabriel Commissaire européenne à l'Innovation, la Recherche, la Culture, l'Éducation et la Jeunesse avait demandé que les discussions soient poursuivies avant toute décision. Pour «Europa Nostra» qui veille sur le patrimoine culturel, cette démolition est une “décision alarmante”. Rédaction internationale En savoir plus sur cet auteur On aurait tellement aimé que le monde d’après soit différent. On en a rêvé, on a voulu y croire. Comment le monde pouvait-il ne pas changé après être resté enfermé pendant 2 mois sous la menace d’une contamination mortelle ? Et après que nous ayons...