Les humains à la peau noire des États-Unis sont prisonniers d'un cycle de traumatismes. La semaine dernière a beaucoup existé par le passé.
2014, Micheal Brown est assassiné par un policier. Ce policier sera décoré et suspendu avant d'être réintégré dans les rangs. 2014, toujours, Eric Garner meurt de l'exacte même manière que George Floyd, la semaine dernière. En disant "I can't breathe" lui aussi comme derniers mots sur terre. Avant de mourir suffoqué par des policiers blancs. Aucun de ceux-ci ne seront tenus responsables de rien. Respirer n'est pas complètement un droit pour un humain à la peau noire aux États-Unis. C'est pas comme si les Black lives mattered. Quand j'ai entendu parler du cas de Floyd la première fois, j'ai cru qu'on parlait de la fois d'Eric Garner.
C'est l'expérience Étatsunienne de l'humain noir. Ça peut se produire quand tu regardes des oiseaux, quand tu jogges, quand tu chasses les papillons, quand tu conduis une voiture, quand tu dors, quand tu marches, tout le temps.
L'attaque psychosociale contre Christian Cooper, qui exerçait sa passion d'ornithologue est extrêmement importante au bon moment. Elle n'a pas fait de mort, mais elle est la source du problème. Voir le noir avant l'humain est le cancer. Un enfant noir des États-Unis ne peut pas courir dans les magasins de jouets et commencer à toucher à tout comme le font enfants blancs. Il peut le faire, mais les soupçons sur toute la famille seront constants.
En anglais, il y a cette très jolie expression, scar tissue, dont la traduction directe serait tissu cicatriciel, mais dont un mot plus juste, pour rendre justice à la signification, serait baume. Ce baume, pour l'humain noir des États-Unis, ne guérit jamais complètement lorsque les blessures morales sont perpétuellement réactivées, mois après mois, jour après jour, heures après heures.
Les États-Unis vivent un traumatisme par rapport à leurs frères et soeurs. De couleurs.
Vivre au travers d'un traumatisme c'est parfois comme vivre son quotidien avec du ciment plein les épaules. La ligne entre regarder les oiseaux que l'on trouve si libres et si beaux, et le désordre civil est même parfois inexistante. Entre rapporter les faits d'un événement suivant les directives de la police et se faire arrêter par eux, peut-être parce que votre peau n'est pas parfaitement blanche sous votre masque est aussi parfois inexistante.
Nous, les blancs, on regarde ça avec l'étonnement d'une dystopie. Mais cette dystopie est le quotidien du noir aux États-Unis.
Un amateur d'observation d'oiseaux s'y intéresse peut-être parce que les animaux ne seront jamais biaisés par un homme avec des jumelles. Tandis qu'un humain peut être biaisé par le noir qu'il voit dès le départ.
Amy Cooper a pointé un téléphone vers Christian Cooper. Mais ailleurs, les McMicheal, avaient un fusil contre un simple joggeur.
L'histoire se répète.
Les graves incidents filmés sur téléphones sont les nouveaux pendus du Ku-Klux-Klan. Il n'y avait pas de videos pour Trayvon Martin, Freddie Gray, Philando Castile, Alton Sterling et combien d'autres.
John Crawford est mort d'ignorance. C'est sur film. Tamir Rice aussi.
Gil Scott-Heron chantait que la révolution ne serait pas télévisée, en 1971.
Heureusement, aujourd'hui, oui.
Montréal, à l'instar d'une trentaine de villes aux États-Unis, et pour ne pas rester dans la marge, a repris hier soir son rendez-vous favorisant la brutalité policière. Avec succès, générant de la brutalité policière.
On a beau critiquer les téléphones qui filment tout ce que l'on fait.
Ça sauve actuellement les vies des humains noirs des États-Unis.
Parce que la vie d'un humain noir devrait avoir la même valeur que celle d'un humain blanc.