On se dit que s'il y a un groupe pour qui le confinement n'a pas dû être un obstacle pour réaliser un nouveau disque, c'est bien Deerhoof. On a l'impression que le quatuor de San Francisco ne joue jamais ensemble, que chacun arrive en studio avec des mélodies différentes et que la musique n'est au final qu'un collage plus ou moins heureux selon l'album, des productions individuelles. Ce "Future Teenage Cave Artists" n'échappe pas à la règle mais il semble pour moi faire partie de leurs plus belles réussites - même si j'avoue ne pas connaître toute la pléthorique discographie du groupe. Chaque morceau en contient plusieurs, ce qui fait qu'on ne s'aperçoit même pas vraiment lorsqu'on change de chansons. Comme le dernier Kim Gordon avec qui il partage aussi la même constante volonté d'expérimentations, il est ici question de politique, de penser en dehors du système, comme de "futurs hommes des cavernes". La pochette où l'on voit ce qui ressemble à un tardigrade - cet animal microscopique mais ultra résistant - dominer un homme, semble nous montrer aussi que nous ne sommes pas éternels et que bientôt la nature invisible pourrait reprendre le dessus. Pour ce qui est de la musique, elle a rarement été aussi accessible chez Deerhoof, la formation se payant même le luxe de terminer sur un très beau et très sobre dernier morceau, entièrement joué... au piano. Comme pour finir sur une note apaisée. Entre temps, on aura enchaîné les ambiances, guettant les bifurcations avec curiosité et envie, à l'intérieur même des morceaux. Ceux qui apprécient la stabilité, un certain confort d'écoute passeront leur chemin. Les autres devraient trouver le bonheur.