La justice devrait logiquement se définir par l'égalité. Autrement dit, pour être juste un acte devrait être identique pour chacun.
Pourtant, les hommes ne sont pas égaux en fait : aux inégalités naturelles (inégalité de santé ou d'aptitudes) s'adjoignent des inégalités sociales.
Aristote dans son " Éthique à Nicomaque " distingue 3 types de justice : la justice commutative que l'on trouve dans les échanges, les contrats. Dans ce cas, les biens échangés sont de même valeur. C'est donc une égalité arithmétique. La justice distributive qui s'applique à la répartition des biens et qui se fait en fonction des services rendus ou des qualités de chaque personne. Il s'agit d'une égalité géométrique. Enfin, la justice rectificative ou corrective qui concerne les sanctions, proportionnelles à la gravité de la faute.
Pour Aristote, le juste " est ce qui est conforme à la loi et ce qui respecte l'égalité ".
La justice existe donc que les hommes soient égaux en droit. C'est pour cela que cette égalité est inscrite dans la " Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen " du 26 aout 1789. Cela signifie que tous les hommes doivent avoir une égale reconnaissance de leur dignité humaine. C'est ce qui fonde, en démocratie, l'égalité civile. Homme ou femme, riche ou pauvre, devraient donc avoir les mêmes droits (et il est tentant d'ajouter, les mêmes devoirs).
Mais l'inégalité des conditions ne remet-elle pas en question cette égalité des droits ? En plus, il faut distinguer la loi morale, dont parle Aristote - qui est la règle d'action que tout homme ou femme raisonnable doit observer - et la règle sociale, ou coutume, en vigueur dans la collectivité autrement appelée le " droit positif ". Celui-ci, dans l'idéal, devrait être, comme le pense Montesquieu dans " l'Esprit des lois ", la réplique exacte du droit naturel que la raison reconnait comme moralement fondé, tout en étant adapté aux conditions spécifiques de chaque pays.
Cependant, ce " droit naturel " est dans les faits plutôt la résultante des évènements subits par une société au cours de son histoire. C'est pourquoi des pratiques autorisées dans un pays sont interdites dans un autre.
C'est la raison pour laquelle, lors de dissensions, on s'en remet à un juge chargé de parler " au nom de la loi " et dont le jugement doit être suivi.
Pour Aristote, tout manquement à la justice crée une inégalité entre les hommes. Contrairement à la loi du Talion qui consiste à infliger le même châtiment que celui subit, mais en ne faisant pas de différence entre la faute volontaire et la faute involontaire.
Ainsi, une justice équitable consisterait-elle à tenir compte des intentions du coupable et à définir la punition qui en résulte en fonction de ceux-ci plutôt qu'en fonction de la gravité de l'acte.