Dans le livre consacré à Michèle Métail, La poésie en trois dimensions (éd. Les presses du réel), j’ai découvert cette oeuvre intitulée Gigantexte n°4 Les lettres sont des insectes pris dans le filet des mots. Vingt-six boites contiennent chacune 25 lettres en papier noir épinglées sur le fond en velours noir, et une lettre en papier rouge. Ces 26 lettres forment un vers mettant en valeur la lettre rouge. Cela donne une exposition qui, de loin, met en évidence l’alphabet, puisque les lettres rouges sont les 26 lettres de l’alphabet, et qui, en approchant, laisse deviner ou lire les 26 vers formant chacun une sorte de rébus et, ensemble, un poème. Une vingt-septième boite contient les lettres du titre de ce poème-exposition, toutes rouges. Les lettres ont été découpées dans des affiches. Ainsi, Michèle Métail ne se contente pas d’écrire, elle prend la matière des lettres pré-existantes, les piège patiemment en quelque sorte - comme le font d’insectes les entomologistes -, les fixant dans leur usage de fabriquer des mots, puis des phrases et, les rassemblant, des textes.
Tout le contraire de Queneau, dans L’instant fatal :
Bon dieu de bon dieu que j’ai envie d’écrire un petit poème
Tiens en voilà justement un qui passe
Petit petit petit
viens ici que je t’enfile
sur le fil du collier de mes autres poèmes
viens ici que je t’entube
dans le comprimé de mes œuvres complètes
viens ici que je t’enpapouète
et que je t’enrime
et que je t’enrythme
et que je t’enlyre
et que je t’enpégase
et que je t’enverse
et que je t’enprose
la vache
il a foutu le camp