Quatrième de couverture :
L’amour… On le cherche, on le poursuit, on le fait et le défait, on en jouit, on en souffre. On le chante, l’écrit, le peint, le joue et le feint… On meurt pour lui, ou l’on tue. Mais que recouvre ce mot ? Nous aimons Dieu (parfois), notre patrie (rarement), nos parents, nos enfants. Nous aimons rire et chanter, nous aimons le sport, le cinéma, et même le chocolat ou le bon vin. Nous aimons nos rêves, nous aimons aimer. Nous aimons, aussi et surtout, cette moitié d’orange dont on nous a dit et répété qu’elle existe, qu’elle est là, quelque part, à nous attendre, et qu’elle comblera tous nos désirs, tous nos besoins.
Le même terme pour désigner tant de choses : possession, jouissance, domination, jalousie, volupté, tendresse, sacrifice… Depuis toujours, Éros et agapè jouent à cache-cache pour mieux nous tromper. Parfois, ils se trompent eux-mêmes, et tout dérape. Le bus fait une embardée, la déception nous dévore, la belle endormie oublie de se réveiller, la foudre frappe pour de bon…
J’ai choisi ce livre parmi les trois propositions d’édition de mai de la maison M.E.O. : j’étais curieuse de découvrir la plume de Liliane Schraûwen, dont des textes ont aussi été publiés chez Luce Wilquin et Quadrature.
« La petite mort », c’est ainsi que l’on désignait l’épilepsie dans la médecine ancienne. Cette expression a pris un sens figuré et familier pour désigner l’orgasme. Au fil de dix-sept nouvelles, Liliane Schraûuwen explore le sentiment amoureux et tout particulièrement le désir : celui qui naît au premier regard ou au premier contact physique, celui qui se contrôle voluptueusement, celui qui domine, celui qui veut posséder à tout prix. Les jeux sado-masochistes, le voyeurisme, le harcèlement, les fantasmes s’invitent dans le sentiment amoureux. Ce qui est intéressant, comme le dit la quatrième de couverture, c’est le moment où les choses dérapent, où la puissance se fait dominatrice, où le jeu érotique devient mortel.
Bon, il me faut avouer que les écrits sur l’intimité amoureuse, l’érotisme, ce n’est pas trop mon goût. Alors, pourquoi, e demanderez-vous, ai-je demandé ce livre ? Eh bien, il faut que je vous avoue qu’après quelques nouvelles bien écrites mais trop « physiques » à mon goût, mon attention a été réveillée grâce à les nouvelles Rabelais, Victor et moi » et Aglaé. La première met en scène une jeune ado qui croit dur comme fer que les bébés naissent par l’oreille, comme Gargantua, la seconde imagine une autre ado totalement fan d’une autrice, Aglaé (qui ressemble furieusement à une certaine Amélie N.) qui lui écrit des lettres de plus en plus pressantes jusqu’à une rencontre tragique avec son idole. L’humour de ces deux textes a relancé mon intérêt pour toutes ces situations amoureuses qu’analyse Liliane Schraûwen avec finesse.
J’ai aussi été touchée par la nouvelle La chance, qui dresse le portrait impitoyable de la moderne solitude des coeurs, de l’égoïsme, l’indifférence, l’irresponsabilité générées dans notre société. J’ai aussi aimé la dernière nouvelle du recueil, Eros et Thanatos, qui évoque une autre forme de solitude et un fantasme particulier. Le titre de ce dernier texte résume à lui seul les subtils aléas du sentiment amoureux.
Au final, je ne regrette pas du tout cette découverte, cachée sous une couverture soignée. Merci à Gérard Adam et aux éditions M.E.O pour l’envoi de ce livre !
Liliane SCHRAUWEN, Exquises petites morts, M.E.O., 2020