Situé sur un sommet de huit cents mètres d'altitude, Gratte-Cul Les Moineaux était le point culminant de la région départementale de Veau Les Sapins.
Cette bourgade, peuplée de trente âmes tout au plus, n'est pas vraiment une capitale. D'ailleurs, celle-ci, c'est Taupinière Les Chocottes. Parler même de village à son propos est donc exagéré. Vu sa taille, ce serait plutôt un hameau, calme, très calme.
Gratte-Cul Les Moineaux a tout de même un maire en la personne de Carpette Milborne. Celui-ci aimerait attirer des touristes dans sa commune mais il n'en peut mais. Le seul lieu un tant soit peu animé est encore le mal nommé bistrot, Chez La Grosse.
Tout le monde bien sûr se connaît dans un tel microcosme, où les habitants ont des patronymes pour le moins caricaturaux tels qu'Autaquet, Camembert, Chignolle, Ciboulette, Duflacon, Grangosier, Guingois, Gymophane, Mezzanine, Monticule...
Une des particularités de la localité, c'est qu'il n'y a qu'une artère, la rue des Estropiés, qui doit son nom à la venue de plusieurs blessés de la Guerre des Pissenlits qui eut lieu en 1875. Une autre est qu'il n'y a pas de numéros de rue mais des lettres...
Les étrangers ou les personnes extérieures au village sont baptisés par l'employé de mairie, Fascicule Autaquet, d'exaltés du dehors. Un seul étranger fait exception à cette règle, c'est Alabama Wonderful, un Noir bien installé, devenu foncé du dehors
Même s'il y a bien quelques controverses de temps en temps, à Gratte-Cul Les Moineaux il ne se passe rien, jusqu'au jour où apparaît un exalté du dehors à la mine patibulaire. Il est venu à pied depuis Limace Les Farines qu'il n'a fait que traverser.
Une caractéristique de ce personnage, qui n'a qu'un collier de cheveux longs terminés par un catogan et une barbe pointue, c'est le long poil qui se situe sur la tranche de son nez et qu'il n'a de cesse de pincer puis de glisser entre le pouce et l'index.
Qu'est-il venu faire ici? C'est le sujet d'Un poil de trop, roman assez farce qu'Yvan Sjöstedt a pris visiblement du plaisir à écrire et que prend le lecteur à lire. Le maire voulait de l'animation? Il va être servi au-delà de l'imaginé, poil au nez!
Francis Richard
Un poil de trop, Yvan Sjöstedt, 128 pages, Éditions du Roc