30/05/2020 – L’HUMANITÉ…IL Y A URGENCE ! Le billet du Dr Christophe PRUDHOMME. « Des médecins pour l’hôpital »

Publié le 30 mai 2020 par Particommuniste34200

Christophe Prudhomme est médecin au Samu 93.

Aujourd’hui plus de 25 % des postes de médecins hospitaliers sont vacants. Au-delà du problème global de démographie, la question du différentiel de rémunération avec le secteur privé en est la principale cause.

Dans certaines spécialités, comme la radiologie, ce déficit atteint même 40 %. Situation très compréhensible car un radiologue gagne trois plus dans le privé qu’à l’hôpital où la pénibilité est par ailleurs plus importante du fait de l’obligation d’assurer les gardes la nuit, les week-ends et les jours fériés. Pour la même raison, l’anesthésie-réanimation, la chirurgie (dont la gynécologie-obstétrique) et la médecine d’urgence font aussi partie des spécialités les plus touchées. 

Cette situation est sciemment entretenue par les pouvoirs publics car elle leur permet d’accélérer les fermetures de services, notamment dans les hôpitaux de proximité. Auparavant la justification des fermetures était la taille de l’établissement et le nombre d’actes, maintenant est avancée l’impossibilité de recruter des médecins ! La duplicité du gouvernement dans ce domaine a été notamment mise en lumière dans une émission de Cash Investigations traitant de la maternité du Blanc dans l’Indre où cet argument a été initialement avancé, mais quand des médecins se sont proposés, leur recrutement a été refusé sous des arguments fallacieux.

L’urgence est donc à une revalorisation en urgence des rémunérations à l’hôpital public prenant notamment en compte la pénibilité et les contraintes géographiques pour pouvoir recruter les bons médecins au bon endroit. Il s’agit d’une question essentielle à traiter dans le cadre du « Ségur de la santé ». Sans avancée substantielle sur cette question, il est clair que l’hémorragie va se poursuivre avec la multiplication des démissions et des demandes de temps partiel, pour y compris revenir travailler en intérim dans l’hôpital public situé à quelques kilomètres de son établissement d’origine. Là aussi, le gouvernement est pris la main dans le sac : d’un côté il dénonce le coût de l’intérim mais en fait il le facilite pour déstabiliser les équipes médicales, ce qui facilite ensuite les restructurations.

Mais ces mesures ne règlent pas le problème de fond qui est la dualité public/privé de notre système de santé qui est très coûteuse en termes d’organisation et qui est très défavorable au service public. Cela justifie notre revendication de la fin du secteur privé à but lucratif et de la fin de la rémunération à l’acte des médecins avec son corollaire que sont les dépassements d’honoraires.

30/05/2020