Pendant deux mois, les propriétaires de châteaux, de parcs historiques ont observé avec consternation leurs salles et leurs caisses vides. Pendant la période de confinement, Cheverny a dû mettre au chômage partiel une grande partie de son personnel, 35 employés sur 40. Mais les propriétaires espèrent faire revenir tout le monde rapidement, et embaucher la quinzaine de saisonniers qui devaient renforcer l'équipe pour la période estivale. Avec cette réouverture, la direction du château, le marquis et la marquise de Vibraye, espèrent limiter leurs pertes financières, estimées à 1 million d'euros sur un chiffre d'affaires 2019 de 5,5 millions d'euros.
Les châteaux ont toujours des origines nobles. Ils sont le reflet de l’Histoire de France. Depuis le Moyen-Âge, ces monuments prestigieux sont des constructions destinées à abriter des rois et des seigneurs. Ils sont habituellement construits comme des forteresses, afin de pouvoir les défendre, avec des murailles, des fortifications, un donjon, parfois des douves. Peu à peu, le château est devenu un lieu d’habitation. Les constructions des derniers siècles mettent l’accent sur le raffinement et l’esthétisme de bâtiments d’exception. Il ne faut pas cependant confondre le château avec le manoir. La différence entre un château et un manoir est que ce dernier est plus petit et se situe habituellement dans un village, construit par de riches propriétaires terriens, aujourd’hui devenue une commune.
Le Château de Cheverny est situé à une dizaine de kilomètres au sud de Blois et à quinze kilomètres du Château de Chambord. Édifié par l'architecte Jacques Bougier entre 1620 et 1640, le château de Cheverny est précurseur du style à la française qui s’imposera sous le règne de Louis XIV. Sobriété et symétrie sont les maîtres-mots du maître d’œuvre qui bâtit un édifice au cordeau, composé d’un bâtiment central encadré par deux corps de logis et des pavillons d’angle. Le château doit la clarté de sa façade à l’utilisation de la pierre de Bourré qui a pour caractéristique de blanchir et de durcir avec le temps. Il faut savoir que le château n’a subi aucune modification, il est tel qu’il était au XVIIe siècle.
D’après l’histoire, tragique, le comte Henri Hurault, gouverneur de Blois sous Henri IV, cloitrait sa jeune épouse dans le premier château fortifié. Mais la surprenant un jour dans les bras d'un amant, il tua celui-ci d'un coup de dague et obligea sa femme à mettre fin à ses jours. Henri Hurault se remaria et, pour oublier les traces du passé, fut raser le premier Cheverny et laissa le soin à sa seconde épouse, Marguerite Gaillard de la Morinière, d'aménager le château selon le goût de l'époque. Malheureusement, ni le comte Henri Hurault, ni son épouse ne verront le château totalement terminé. C'est leur fille Elisabeth qui achèvera la décoration intérieure, pour un résultat magnifique. La Grande Mademoiselle, petite fille de Henri IV et cousine-germaine de Louis XIV, qualifiera d'ailleurs Cheverny de "palais enchanté". Des artisans et artistes réputés ont été en charge des différents aménagements comme le peintre Jean Mosnier et le menuisier Hevras Hammerber. Ensemble, ils ont façonné de splendides intérieurs coiffés de plafonds à caissons et peints de scènes légendaires. Les appartements sont richement décorés et possèdent un mobilier d’exception,dorures, toiles de maîtres, tapisseries des Flandres et des Gobelins, commodes Louis XIV et Louis XV, objets d’époque.
Demain, lundi 11 mai, c’est le grand jour, le jour dont on a tant rêvé, le grand déconfinement! C’est peu de dire que nous l’aurons attendu ce 11 mai. Les 55 jours de confinement ne furent certes pas aussi durs que les autres 55 jours, ceux de...