Après 7 petits épisodes, la saison 1 de Run vient de s'achever en cliffhanger mais sans enthousiasme.
HBO nous proposait dès le premier épisode de Run cette idée loufoque d'échapper à notre vie quotidienne en nous évadant avec notre amour de jeunesse. Un synopsis fort attrayant mais qui peinait dès ses débuts à trouver le bon équilibre dans sa construction en se précipitant autant que les personnages principaux vers leur escapade. Sans prendre de recul face à une agitation ambiante, le show se perd dans les tumultes de leur nouvelle vie (rattrapée par l'ancienne) et peine, avec son format court, à produire des épisodes efficaces.
Le format de 25 minutes n'était certainement pas le choix le plus judicieux pour Run, qui ne se positionne jamais pleinement entre satire, romance et thriller et finit par nous perdre. La faute à un traitement trop partiel de chaque arc narratif qui se répercute directement sur le duo principal.
Au premier abord satisfaits par le binôme créé par Vicky Jones, il n'a pas fallu longtemps avant de s'apercevoir qu'il n'y avait pas grand-chose sous la surface. C'est en particulier vrai pour Ruby qu'on a du mal à saisir et qui semble presque posséder plusieurs personnalités. L'actrice, Merritt Wever, se retrouve alors prisonnière d'un personnage mal pensé qui ne fait pas sens, alors que son camarade de jeu a au moins la possibilité de s'épanouir à travers l' attachant Billy.
Le show ne remplit pas le contrat de nous offrir deux protagonistes suffisamment solides pour nous convaincre. Il faut alors se contenter des moments délectables et des scènes drôles, voire absurdes, que nous procure cette relation. Oublions donc nos premiers espoirs qui voulaient que cette série donne lieu à des réflexions profondes sur le temps qui file et les regrets, Run ne nous apportera aucun électrochoc dans notre vie, car la série ne prend rien au sérieux.
Pourquoi regarder le show ? Pour Phoebe Waller-Bridge
Le personnage secondaire qui en fait pleinement les frais est Babe Cloud, une policière de campagne, peu sûre d'elle, que les scénaristes n'hésitent pas à tourner en ridicule en soulignant son incompétence et ses maladresses. Pas assez clichée pour être drôle et trop risible pour être vraie, elle est le parfait exemple du mal qui ronge la série : une incapacité à aller au bout des choses. La fin ouverte et bien trop rapide vient d'ailleurs parfaire ce triste constat.
Sans nous ennuyer ou nous captiver réellement, Run rentre alors dans la catégorie des séries prometteuses ayant échoué à mettre en oeuvre son potentiel, laissant derrière elles des spectateurs frustrés d'avoir perdu leur temps devant un show qu'ils oublieront rapidement.
Si une saison 2 venait à sortir, pas sûr que nous soyons de la partie, si ce n'est pour revoir Phoebe Waller-Bridge en taxidermiste. Dans un rôle décalé et malicieux - qui ressemble étrangement à celui de Fleabag (en moins dépressif) - l'actrice nous décroche automatiquement un sourire à la moindre de ses apparitions. Finalement, c'est elle le personnage le plus réussi de la série, celui pour lequel on ne changerait rien et on revisionnerait volontiers les épisodes dans lesquels elle apparait !