Ce sont deux solitudes qui se font face, se poursuivent, s’épient. Lui, le berger, a tué la louve, la mère. Son fils à lui est mort, engagé dans une armée qui combattait loin de lui ; sa femme ne l’a pas supporté : elle n’apparaît pas dans la bande dessinée de Rochette. Il lui reste ses moutons et son chien. La montagne est belle, elle est aussi cruelle. Les ravins sont mortels, la mort côtoie la vie. Et quand il mène son troupeau dans le camion qui emporte les moutons à l’abattoir, que peut penser le berger du loup ? Rochette écrit là un conte où les deux solitudes peuvent encore se rapprocher, s’apprendre, se comprendre.
J’ai pensé au Poids du papillon, d’Erri de Luca, qui raconte une confrontation presque identique dans la montagne. J’ai pensé aussi à un épisode du livre de Brigitte Giraud, Un loup pour l’homme.
Et je suis resté longtemps devant les dessins et les couleurs de cette magnifique édition, qui se conclut par un texte de Baptiste Morizot.