Esja me tourne toujours autour et, cependant, je ne l’ai assurément pas encore apprivoisé comme il le mérite. Quelque chose m’en éloigne encore, un an après sa sortie. Pourtant, à chaque écoute, il me berce ou me percute avec une aisance incroyable pour un tout premier album.
Et voilà que, déjà, la pianiste lui donne une suite, comme pour me dire que je dois en fait tout simplement trouver une clef à Esja. Aussi Home n’est-il pas juste un nouvel album, mais bel et bien une continuité, un compagnon, un double d’Esja. Des œuvres jumelles, mais pas identiques pour autant.
En effet, difficile de ne pas immédiatement être éblouis d’y entendre… la voix d’Hania Rani, quelle belle surprise ! L’artiste polonaise déclare d’ailleurs que Home serait en fait la fin d’un livre commencé l’an passé, et que sa prochaine œuvre nous contera alors une toute nouvelle histoire.
Concernant le titre choisi, elle nous dit qu’il s’agit de cette maison que l’on peut trouver en nous-mêmes, quelle que soit l’instabilité de nos vies – et peu importe où nous allons, que fassions le tour du monde : l’important est d’être capables de voir et sentir les choses qui se passent autour de nous.
Si son premier album était, selon ses propres mots, une œuvre faite de piano et de silence, à l’inverse, Home déploie une palette bien plus large encore pour Hania qui, réellement, trouve une place d’artiste complète et également de productrice en incorporant d’autres instruments (cordes, basse, batterie, synthé), des éléments électroniques ou samplés et, donc, sa voix – dont elle nous dit qu’il s’agit plutôt d’un autre instrument à ses yeux.
Une seconde fois, je me sens à la fois charmé et désarmé… Je ne sais pas où je suis, ni vraiment ce que je ressens. Comme l’an passé, je devine déjà, je le ressens même, que je vais devoir me plonger corps et âmes pour percer l’univers d’Hania Rani – et c’est assurément un compliment, car il est rare que les artistes qui m’ont le plus touché se soit révélé aisément.
(in Heepro Music, le 29/05/2020)
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