Éditorial. « Souffle démocratique » Par Léo Purguette
Il y a 15 ans jour pour jour, les Français infligeaient une gifle mémorable aux dogmes libéraux que les dirigeants européens leur proposaient d’inscrire dans le marbre d’un traité constitutionnel.
Le vote, net, à plus de 55 % résultait d’un débat d’une richesse rarement égalée dans un pays où la confrontation d’idées est trop souvent escamotée par la personnalisation de la Ve République.
Pour la première fois depuis des décennies, la gauche de transformation sociale devançait dans les urnes la gauche compatible avec le libéralisme.
Mais le souffle démocratique du 29 mai 2005 fut vite étouffé par l’adoption en catimini du traité de Lisbonne deux ans plus tard.
Carcan libéral
Les battus de 2005, toujours au pouvoir, en France et dans les institutions européennes auraient-ils subitement décidé de changer de pied avec la crise sanitaire ? Angela Merkel et Emmanuel Macron, n’ont-ils pas une volonté commune d’assouplir les règles de l’austérité ? Mercredi Ursula von der Leyen, la présidente allemande de la Commission européenne a même lancé un sacré pavé dans la mare. L’Union empruntera 750 milliards d’euros pour financer un plan de relance continental et elle mutualisera cette dette.
Les Grecs, étranglés sans une once d’hésitation lorsqu’eux aussi, avaient exprimé dans les urnes leur intention de changer de politique, s’en frottent encore les yeux.
Beaucoup de questions viennent : emprunter à qui ? Pour faire quoi ? Les peuples manquent dans l’équation. Les dirigeants européens sont en train de tout changer pour que rien ne change. Cette Europe-là pourrait bien mourir asphyxiée par son propre carcan libéral et anti-démocratique.
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