Cette expression, '' Temple de la finance '' est utilisée couramment pour désigner de grandes institutions financières, comme Wall Street à New-York, la City de Londres, ou la Bourse de Paris. Il s'agit d'institutions qui détiennent et brassent quotidiennement des masses monétaires gigantesques. ''Wall Street est plus qu'une rue. C'est le centre de la finance mondiale et le temple du capitalisme.''(1) L'emploi du mot temple ajoute une connotation religieuse à la finance. D'ailleurs, on notera que les temples antiques assuraient déjà un rôle monétaire à ce qui était leur fonction première, c'est à dire la relation avec les divinités. En associant temple et finance, on divinise l'argent, devenu un dieu, le dieu que Jésus a désigné sous le nom de Mamon. A cet égard le temple de Jérusalem, à l'époque de Jésus, s'était transformé en une entreprise de captation des flux monétaires.
Construit par le roi Salomon, selon la Bible, vers l'an 1000 avant notre ère, détruit en 587 av JC, reconstruit au Ve siècle lors du retour de l'Exil à Babylone et enfin embelli par Hérode au tournant de l'ère chrétienne, le Temple de Jérusalem(2) était le centre de la vie religieuse et nationale, le cœur religieux d'Israël.
Mais le Temple était devenu un lieu de trafic commercial intense ainsi qu'un gigantesque office de change. Du monde entier affluaient drachmes et autres sesterces envoyés à Jérusalem par les juifs pieux de la Diaspora. En effet, tout israélite devait s'acquitter du didrachme auprès des prêtres du Temple. Mais frappé d'une effigie païenne, il devait être converti en shekel, la monnaie locale, vierge de toute mention païenne. De quoi faire vivre de nombreux comptables et autres changeurs percevant leurs taxes sur le change de monnaie pure ...(3)
Le temple s'était ainsi transformé en banque, le temple de l'argent, une institution où l'argent est roi. Une banque où affluaient les richesses. Les religieux entassaient les shekels dans leurs coffres. Cette appétence pour amasser or et argent n'est pas étonnante. Ils ne faisaient qu'obéir aux ordres de leur dieu, le dieu de l'Ancien Testament, dénommé Yahweh et traduit dans nos Bibles par l'Éternel.
En effet, le dieu affirme haut et fort, par la bouche du prophète Agée que l'or lui revient de droit, l'or de toutes les nations[ destinées à être pillées].
J'ébranlerai toutes les nations; Les trésors de toutes les nations viendront, Et je remplirai de gloire cette maison,[le Temple] Dit Yahweh des armées.
L'argent est à moi, et l'or est à moi, Dit Yahweh des armées.
Le dieu de l'Ancien Testament n'avait-il pas ordonné d'amasser dans son temple l'argent et l'or pillés sur les populations massacrées lors de la conquête du pays de Canaan, comme nous le lisons dans le passage biblique suivant :
Jéricho était fermée et barricadée devant les enfants d'Israël. Personne ne sortait, et personne n'entrait.
La ville sera dévouée à Yahweh par interdit, elle et tout ce qui s'y trouve
Tout l'argent et tout l'or, tous les objets d'airain et de fer, seront consacrés à Yahweh, et entreront dans le trésor de Yahweh.
Ils brûlèrent la ville et tout ce qui s'y trouvait; seulement ils mirent dans le trésor de la maison de Yahweh l'argent, l'or et tous les objets d'airain et de fer.
C'est une constante chez le dieu tribal Yahweh d'entasser l'or d'autrui, comme cela se passa lors du génocide de la tribu de Madian ordonné à Moïse par Yahweh(4). Bien entendu le dieu ordonne de purifier par le feu l'or et l'argent, prélevés sur les cadavres de d'hommes et de femmes massacrés sur son ordre,
L'or, l'argent, l'airain, le fer, l'étain et le plomb, tout objet qui peut aller au feu, vous le ferez passer par le feu pour le rendre pur.[...]Nous apportons comme offrande à Yahweh chacun, les objet d'or que nous avons trouvés,[ arrachés serait plus juste] chaînettes, bracelets, anneaux, pendants d'oreille et colliers, afin de faire pour nos personnes l'expiation devant Yahweh
On notera en passant la troublante analogie avec les objets en or( dents et autres) récupérés par les nazis sur leurs victimes juives, et ensuite fondus par la Reichsbank en lingots dûment poinçonnés comme le démontre Jean Ziegler dans son livre '' La Suisse , l'or et les morts''. Sans les banquiers suisses, la Deuxième Guerre mondiale aurait été terminée plus tôt et des centaines de milliers d'êtres humains auraient eu la vie sauve. Ils ont fourni des milliards de francs suisses à Hitler, lui permettant d'acheter sur le marché mondial les matières premières stratégiques dont il avait besoin. Les profits astronomiques de la guerre ont ensuite fondé la puissance mondiale de la place financière helvétique. Des rapports de services secrets, surtout américains, récemment déclassifiés, révèlent la complicité active des banquiers suisses (marchands d'art, agents fiduciaires, bijoutiers, avocats d'affaires, etc.) qui ont recelé, " lavé " l'or que les SS avaient volé dans les banques centrales, les entreprises et les demeures privées des pays occupés, ou arraché aux victimes des camps. Dans le même temps, le gouvernement suisse refoulait à ses frontières des dizaines de milliers de réfugiés juifs, les renvoyant parfois directement vers les bourreaux nazis.
[ Observons, pour la compréhension du texte, qu'à ce moment, le temple n'existait pas encore, mais le dieu avait ordonné la construction d'un temple itinérant, utilisé pendant les années d'exode à travers la désert, appelé la tente d'assignation .]
Plus tard, la Bible nous décrit par le détail la construction d'un temple pour Yahweh à Jérusalem. Le lecteur intéressé par les détails de ce bâtiment pourra consulter les chapitre 6 et 7 dans le premier livre des Rois dans la Bible. Nous apprenons que le roi Salomon, qui bâtit ce temple, s'empressa d' y entasser or et argent.
Ainsi fut achevé tout l'ouvrage que le roi Salomon fit pour la maison de l'Éternel. Puis il apporta l'argent, l'or et les ustensiles, que David, son père, avait consacrés, et il les mit dans les trésors de la maison de Yahweh.
Le temple devait contenir beaucoup d'or, à en juger par les nombreuses occasions où le trésor fut vidé par des ennemis du royaume de Juda. Ainsi nous lisons:
Schischak, roi d'Égypte, monta contre Jérusalem. Il prit les trésors de la maison de Yahweh et les trésors de la maison du roi, il prit tout. Il prit les boucliers d'or que Salomon avait faits.
Juda fut battu par Israël, et chacun s'enfuit dans sa tente.
Joas, roi d'Israël, prit à Beth Schémesch Amatsia, roi de Juda, fils de Joas, fils d'Achazia. Il vint à Jérusalem, et fit une brèche de quatre cents coudées dans la muraille de Jérusalem, depuis la porte d'Éphraïm jusqu'à la porte de l'angle.
Il prit tout l'or et l'argent et tous les vases qui se trouvaient dans la maison de Yahweh et dans les trésors de la maison du roi; il prit aussi des otages, et il retourna à Samarie.
et cette dernière citation :
Et Achaz prit l'argent et l'or qui se trouvaient dans la maison de Yahweh et dans les trésors de la maison du roi, et il l'envoya en présent au roi d'Assyrie.
Un véritable fort Knox(5) en vérité !
Cette avidité de Yahweh pour amasser de l'or et de l'argent dans son trésor est étonnante et en contradiction avec l'enseignement de Jésus, c'est-à-dire du Père céleste lui-même ! (6)
Il en est ainsi de celui qui amasse des trésors pour lui-même, et qui n'est pas riche pour Dieu.
Car là où est votre trésor, là aussi sera votre cœur.
Ne vous amassez pas des trésors sur la terre, où la teigne et la rouille détruisent, et où les voleurs percent et dérobent;
mais amassez-vous des trésors dans le ciel, où la teigne et la rouille ne détruisent point, et où les voleurs ne percent ni ne dérobent.
Un épisode dans la vie du Christ est particulièrement révélateur, lorsqu'il confectionna un fouet avec des cordes et renversa les tables des changeurs, au grand scandale de tous les religieux témoins de cette scène.
Jésus entra dans le temple de Dieu. Il chassa tous ceux qui vendaient et qui achetaient dans le temple; il renversa les tables des changeurs, et les sièges des vendeurs de pigeons.
Et il leur dit: Il est écrit: M a maison sera appelée une maison de prière. Mais vous, vous en faites une caverne de voleurs.t
Cette violence de Jésus interpelle ; s'agit-il d'un '' dérapage '' ? Non, Jésus reflète le Père dans toutes ses paroles et actes, il n'y a pas eu de '' dérapage '', mais nous devons comprendre que le Père céleste, lui-même, condamne avec violence les dirigeants religieux, ceux qui se prétendaient être les héritiers de Moïse. Et qui avaient transformé le temple en un coffre-fort.
Rappelons que les docteurs de la loi prétendaient avoir reçu la loi écrite et la loi orale de Yahweh et en être les seuls dépositaires, et donc les seuls à même d'interpréter la loi. Eux seuls avaient la connaissance de la loi, et le reste du peuple était méprisé et classé comme maudit. Mais, si nous allons plus loin dans notre raisonnement, nous comprenons que le dieu tribal Yahweh, avide d'entasser de l'or dans son trésor, n'est pas et n'a aucun point commun avec le dieu révélé par Jésus. Nous comprenons aussi que le dieu tribal Yahweh(7) tel qu'il apparaît dans les textes de la Bible hébraïque, est un dieu à l'image de ceux qui l'ont imaginé(8)
Le Père n'a rien à voir avec Mamon,[ Mamon serait un mot d'origine araméenne, signifiant '' richesse ''. Son étymologie est obscure. Certains le rapprochent de l'hébreu matmon, signifiant trésor, argent.] celui qui promet des richesses bien matérielles. Mamon et Satan sont la même entité malfaisante, et le Christ rejette violemment la tentation de posséder des richesses matérielles sur cette terre. Jésus le dit expressément :
Nul ne peut servir deux maîtres. Car, ou il haïra l'un, et aimera l'autre; ou il s'attachera à l'un, et méprisera l'autre. Vous ne pouvez servir Dieu et Mamon.
Laurent GUYENOT(9) insiste sur ce trait de la nature du dieu Yahweh. Il écrit :
Yahweh est le dieu qui a coupé ce lien vertical pour tourner l'homme vers le matériel exclusivement.
Ce caractère foncièrement matérialiste de l'hébraïsme ancien a souvent été relevé par les historiens des religions. Les récompenses que promet Yahweh à ceux qui le '' craignent''sont exclusivement de ce monde...[....]
Le matérialisme inhérent au judaïsme a de profondes conséquences sur le mode de vie juif. Parmi ces conséquences, Karl Marx(10) identifie la poursuite immodérée du pouvoir financier.''L'argent est le dieu jaloux d'Israël, devant lequel nul autre dieu ne doit subsister.''' "
Le rabbin américain Harry WATON ne dit rien d'autre lorsqu'il écrit:
" Yahweh est différent de tous les autres dieux. Tous les autres dieux résident au ciel. Pour cette raison, toutes les autres religions se préoccupent du ciel, et elles promettent tout récompense dans le ciel après la mort
Mais Yahweh descend du ciel pour résider sur cette terre et pour s'incorporer à l'humanité. Pour cette raison, le judaïsme se préoccupe seulement de cette terre etpromet toute récompense ici même sur cette terre[...]Les Juifs devraient comprendre que Yahweh ne réside plus dans les cieux, mais qu'il réside en nous ici même sur cette terre "(11)
Mais laissons Roger GARAUDY conclure par ces mots : " Comme l'écrit le théologien espagnol Gonzalès Faus'' Le Dieu que nous révèle Jésus n'est pas celui de l'Ancien Testament''' " (12)
Nous en sommes bien convaincus
(6) Selon les paroles mêmes de Jésus, (Jean 14:8-11) le Père et lui sont parfaitement en symbiose.
Philippe lui dit: Seigneur, montre-nous le Père, et cela nous suffit.
Jésus lui dit: Il y a si longtemps que je suis avec vous, et tu ne m'as pas connu, Philippe! Celui qui m'a vu, a vu le Père; comment dis-tu: Montre-nous le Père?
Ne crois-tu pas que je suis dans le Père, et que le Père est en moi? Les paroles que je vous dis, je ne les dis pas de moi-même; et le Père qui demeure en moi, c'est lui qui fait les œuvres.
Croyez-moi, je suis dans le Père, et le Père est en moi; croyez du moins à cause de ces œuvres.
(8) Dans son livre, Du Yahwisme au Sionisme, Laurent Guyénot dépeint Yahweh comme un dieu'' sociopathe'' et ajoute que "Yahweh soit imaginaire ne change rien à son emprise psychologique "( chap. 14 '' le Fils du dieu fou'' p.376)
Israël SHAHAK écrit, à propos des dispenses qu' " il s'agit de tromper Dieu, [Yahweh], si l'on peut désigner par ce mot l'être imaginaire si aisément dupé par les rabbins qui s'estiment plus astucieux que lui. "dans son livre,Histoire juive- Religion juive, le poids des trois millénaires, p.101
(9) Laurent GUYENOT, Du Yahwisme au sionisme , p.76
(10) Karl MARX, cité dans GUYENOT, Du Yahwisme au sionisme, p.85
(11) Harry WATON, A Program for The Jews, p.148, cité dans GUYENOT, Du Yahwisme au sionisme, p.87
(12) Gonzalès FAUS, Accesso a Jesus, Ed. Sigueme, Salamanca, 1991, p.161, cité dans Roger GARAUDY, Vers une guerre de religion, le débat du siècle, Desclée de Brouwer, p.159