Éditorial. « Futur » Par Cathy DOS SANTOS
Les jeunes vivent plus mal que leurs aînés. Cette fracture générationnelle s’est encore creusée avec la crise sanitaire et ses conséquences économiques.
Océane, Amir, Claire ou encore Raphaël ont l’âge de l’insouciance. Et pourtant, ils parlent dans nos colonnes de peur, de « pire qu’hier ». Les jeunes vivent plus mal que leurs aînés. Cette fracture générationnelle s’est encore creusée avec la crise sanitaire et ses conséquences économiques. L’entrée des 18-25 ans dans le monde des adultes se conjugue avec une insupportable précarité qui hypothèque jusqu’à leur avenir.
Gouvernement après gouvernement, les mêmes logiques conduisent à sacrifier les forces vives en devenir. Les exécutifs ont transformé les jeunes en un terrain d’expérimentation de politiques ultralibérales toujours plus violentes. Quel pays digne de ce nom peut-il penser le futur en douchant ainsi les rêves des piliers de la société de demain ? Il faut au contraire border le parcours éducatif et professionnel des jeunes. Les situations d’urgence commandent des mesures exceptionnelles.
Aux représentants associatifs demandant l’extension du RSA aux jeunes dès 18 ans qui « ne disposent d’aucune bouée de sauvetage », le secrétaire d’État auprès du ministre de l’Éducation et de la Jeunesse a cru pouvoir s’en tirer en rétorquant que ce serait là « se placer dans un esprit de défaite ». Gabriel Attal croit-il solder les comptes en débloquant 200 euros pour les 800 000 étudiants ayant perdu leur stage ? Le trentenaire serait bien inspiré d’aller puiser dans notre histoire pour repenser le rôle de l’État et la place de la jeunesse.
Du fond des ténèbres peut naître l’espoir. C’est le puissant message qu’adressaient les forces sociales et politiques, il y a soixante-dix-sept ans, en fondant le Conseil national de la Résistance (CNR). Cette union s’attelait alors à la libération de la France. Le pays était en lambeaux, et pourtant, le CNR scella l’ambition d’une République refondée, en jetant les bases d’un modèle social solidaire, fidèle à notre devise républicaine. Il pensa « démocratie et indépendance politique et économique » en faveur de l’épanouissement de tous.
Ces jours heureux restent d’une brûlante modernité.
28/05/2020