Le principe n'est pas nouveau : grâce aux technologies modernes et à l'hyperconnectivité qu'ont stimulé les réseaux sociaux, rassembler un grand nombre de consommateurs ayant un même besoin et exploiter la force du nombre pour négocier un tarif avantageux (ou la création d'un produit personnalisé) a constitué le point de départ d'une multitude de startups (Groupon, entre autres). Le secteur financier a déjà été le théâtre de plusieurs tentatives du genre (pour des produits bancaires ou d'assurance).
Dans le cas de LeverEdge, il s'agit donc de proposer aux futurs étudiants de s'inscrire sur une liste de candidature, en fournissant quelques informations sur eux-mêmes et sur le crédit qu'ils recherchent. Une fois que le nombre de demandes similaires atteint un niveau suffisamment important, la jeune pousse soumet un dossier global à une série de banques partenaires. Après analyse des propositions reçues, elle retient la plus attractive, que chacun des participants peut alors choisir de souscrire ou non.
En comparaison des initiatives antérieures que j'évoquais plus haut, concernant des produits génériques, on perçoit immédiatement l'adéquation particulière du prêt étudiant au modèle de l'achat groupé. En effet, il émerge régulièrement une population plus ou moins homogène qui part en prospection à la même période, à savoir quand il faut commencer à payer les frais de scolarité (ceux-ci représentant une part importante – sinon majoritaire – des budgets). Les cohortes se créent ainsi naturellement.
Pour les institutions financières qui jouent le jeu, l'approche présente des bénéfices significatifs, qui justifient d'ailleurs à la fois les prix serrés qu'elles consentent et la commission d'apport qu'elles reversent à LeverEdge (son unique source de revenus). Comme dans les autres implémentations, et encore plus avec une activité cyclique, justement, les économies réalisées dans les processus de commercialisation grâce au regroupement des dossiers semblables sont le principal facteur de séduction.
Le concept paraît engagé sur la route du succès. Après deux ans de fonctionnement, la FinTech a conquis 15 000 inscrits et facilité 100 millions de dollars de financement, pour une économie estimée de 15 000 dollars de frais sur chaque prêt conclu par son intermédiaire. Dans une certaine mesure, sa croissance exponentielle illustre également une autre caractéristique importante de sa cible : l'effet de réseau est extraordinairement efficace sur les campus et permet de développer rapidement la notoriété.
Le crédit étudiant, dont les encours dépasseraient allègrement les 1 000 milliards de dollars aux États-Unis, est considéré depuis plusieurs mois comme une épée de Damoclès au-dessus de l'économie américaine. Hélas, à défaut de la moindre évolution du système éducatif (qui tend, au contraire, à être imité ailleurs dans le monde), il reste critique pour une bonne partie de la population. En conséquence, toutes les solutions susceptibles d'en réduire la charge et les impacts sont toujours bienvenues…