La blockchain est une technologie qui permet de stocker et de sécuriser la transmission d’informations par blocs, entre les différents membres d’un réseau :
1. Le « client » effectue sa transaction,
2. Les transactions sont rassemblées et stockées dans un bloc,
3. Chaque bloc est validé au travers des maillons décentralisés de la chaîne grâce à des algorithmes de cryptographie,
4. Puis il est daté et ajouté à la blockchain, accessible à tous les utilisateurs (voire à tous, dans le cas des blockchains publiques),
5. Le « fournisseur » reçoit la transaction du « client ».
Cette technologie a été utilisée à ses débuts pour gérer les crypto-monnaies, mais elle se développe dans d’autres secteurs : assurance, banque, chaine logistique, énergie, santé mais aussi la construction et l’immobilier.
Quels sont les avantages de la blockchain pour le secteur de la construction ?
La blockchain (chaîne de blocs) désigne un nouveau mécanisme de validation des transactions qui devrait permettre de simplifier bon nombre d’étapes dans l’acquisition d’un immeuble.
Une blockchain est infalsifiable. En conséquence, le risque de fraude dans les transactions est réduit, et les opérations de contrôle et d’expertise sont moins nombreuses. Il est par exemple possible de consulter l’historique d’une transaction à tout moment et de savoir avec certitude quel est le propriétaire actuel d’un bien.
La construction et la maintenance d’un bâtiment exigent une bonne coordination des différents acteurs et nécessitent une multitude de données. Grâce aux contrats intelligents, la blockchain permet la commande et la livraison automatiques d’un produit, une fois que la durée de vie d’un composant a expiré.
De façon générale, tracer les contributions et les interactions de chaque partie prenante au sein d’un bâtiment permettrait non seulement des économies intéressantes sur la maintenance et les litiges, mais également la construction de nouveaux services à partir de ces données.
Ces avantages ont d’ores et déjà séduit plusieurs gouvernements, qui entament des partenariats avec des start-ups afin de transférer leurs registres de cadastre sur un registre blockchain. C’est le cas notamment en Géorgie, où les autorités travaillent en collaboration avec la start-up ‘Bitfury’ pour héberger sur la blockchain ses titres de propriété, services notariaux, prêts, etc. Des projets similaires ont été lancés dans des pays comme la Suède, le Honduras ou le Royaume-Uni.
Les questions juridiques ne manquent évidemment pas de se poser en raison de l’opacité des blockchains et de l’impossibilité qu’il y a à les modifier. Comment les tribunaux pourront-ils lire les contrats intelligents et identifier toutes les parties en cause ? Le législateur ne s’est pas encore intéressé aux lacunes juridiques de la révolution qu’entraînera cette nouvelle technologie.
En s’appuyant sur la blockchain, le secteur de l’immobilier pourrait gagner en souplesse, transparence et équité.
Appliquée aux transactions immobilières
La blockchain commence à se développer dans le secteur immobilier. Avec plus de 800 000 transactions annuelles, l’immobilier représente un dixième du PIB de la France. C’est un marché très encadré, qui n’a pas toujours la flexibilité qu’on lui souhaiterait. Ceci dit, il a connu, depuis les années 2000 et l’avènement d’Internet, de nombreuses innovations qui sont aujourd’hui portées par la French Proptech :
– visites virtuelles,
– signature électronique des contrats,
– plateformes de locations entre particuliers,
– locations des garages à distance avec serrures connectées,
– crowdfunding, etc.
L’arrivée de la blockchain amène une véritable révolution avec des transactions entièrement sécurisées, réalisées en dehors des process ordinaires (conservation des titres de propriété, notaire, etc.). La blockchain apporte une transparence totale, une réalisation instantanée et sécurisée des transactions. Toutes les informations sont stockées, vérifiées, conservées et rendues publiques sans aucun danger. A l’heure actuelle, la législation ne permet pas encore, en France, de s’exonérer de la signature chez le notaire, mais il est probable qu’elle s’adaptera au développement de la technologie.
La blockchain permet donc un partage et une sécurisation des données entre les différents partenaires et intervenants. Elle contribue à diminuer les délais et à reconnaître les responsabilités de chacun dans la réalisation du projet, limitant ainsi les litiges.
BIM et Blockchain
«Le BIM est très centré sur les données et le meilleur moyen d’établir la confiance consiste à faire confiance aux données elles-mêmes, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui», déclare Arnaud Gueguen, cofondateur de Bimchain.io. La startup française travaille sur une application Web permettant de suivre les communications et les engagements entre les participants au projet dans l’écosystème complet de conception et de développement. L’application se connectera directement à Autodesk Revit.
Pour Bimchain, la confiance signifie «tout sur le papier signé, pas le modèle 3D».
«Tous les documents légaux signés. C’était notre point d’entrée dans la solution, en essayant de relier la base papier contractuelle aux données numériques opérationnelles» déclare A. Gueguen. L’objectif de Bimchain est de faire du modèle une source de vérité unique. «Aujourd’hui, les données BIM ne sont pas contractuelles. Il existe de nombreuses sources de vérité: BIM, PDM, DWG, papier. » « Nous sommes convaincus que l’utilisation de Revit comme source unique de vérité améliorera considérablement le modèle. »
La première étape de Bimchain est un module de preuve de contribution, dans lequel les contributions, les accords et les validations sont certifiés sur la Blockchain et intégrés au modèle BIM Revit. «C’est une preuve de poignée de main que de prouver que le gestionnaire BIM, l’architecte et d’autres ont accepté le modèle, a déclaré Gueguen. «Nous pensons que cela permettra de remplacer le processus épars de signatures et de papiers par un système indiscutable.» Bimchain utilise la Blockchain Ethereum, la deuxième plus grande crypto-monnaie par capitalisation boursière et le premier à introduire des outils de contrat intelligents spécifiques à l’écosystème Blockchain.
Maciel et Robert Aish, connus par beaucoup comme le père de la technologie de conception générative, travaillent par le biais de CBC pour lancer trois projets open source liés au BIM et à la BlockChain. L’un pour le financement distribué, l’autre pour les achats intelligents et le projet «le plus ambitieux» lié à l’utilisation de la BlockChain, de l’apprentissage automatique et du BIM pour les processus de conception.
«La construction a été reconnue pour ses inefficacités et son inefficacité, mais aussi pour importer traditionnellement des innovations d’autres secteurs et de les adopter de manière ad hoc», note Eleni Papadonikolaki, chercheuse à la UCL Bartlett School. Elle prévoit que la Blockchain ne sera qu’une des nombreuses nouvelles technologies adoptées. «L’Internet des objets, l’intelligence artificielle et le BIM promettent tous d’apporter une simplification, une transparence et une chaîne de responsabilité non seulement aux transactions tout au long de la chaîne logistique de la construction, mais également aux interactions entre systèmes physiques et numériques. »
Confiance, traçabilité, identité… la révolution menée par la blockchain est au centre de toutes les réflexions. Demain, ce modèle révolutionnaire détrônera-t-il les grandes plateformes digitales pour tendre vers une désintermédiation généralisée des échanges ?