3. Ressac de l’âge
Si obsolètes ou risibles soient-ils
(me) manquent les mots et l’émo
tion des choses ces vieilles lunes
qui parfumaient l’haleine du papier
Sans la splendeur la poésie a pris son deuil
reluque les travelos dans le métro et ne
s'enivre plus des giboulées de pâmoison
Qui a baisé Laura Palmer qui a éteint
les prunelles brûlées de curiosité
la voie lactée ou la nuit hospitalière
et dévalé le toboggan des jours trop courts
qui a moulu si fin le safran de la vie
spéculative de la vie évanescente
de la vie téléféerique
nuit du 4 Août 2018
in Minutes, 2019
*
4. Ressac de l’âge
Ce drap de soie
froissé de vent
c’est mon pré
de printemps
Le langage se tient
dans l’angle mort
des choses
Le sang de la langue
ne s’entend battre
qu’à l’oreille des
vampires du sens
Un mort se tient
dans la guérite
de mon corps
6 avril 2019
in L’Angle mort, 2019
*
1. No exit
La première fois que je suis allé à Venise
(il y aura bientôt 50 ans) aurais-je pu oublier
dans la nebbia qui assourdissait les cornes
de brume des vaporetti de me rendre transi sur
la tombe d’Ezra Pound au fond de l’Île des Morts
toute ensanglantée d’œillets de la Toussaint
Voici que nous sommes désertés
que les pumas hantent les boulevards
que le silence retrouvé prend un parfum
d’éternité que les solitudes mesurent
d’heures en heures les angles de la lumière
comme si l’existence n’était qu’une question
d’éclairage ou d’illumination alors que c’est
une course aveugle sans répit ni remède.
in Écrans de veille
2 avril 2020
Poezibao rappelle la parution d’une (Carte blanche) à Christian Bernard : Description d'une image : Elégie K