Est-il possible d'être amoureux d'une femme que vous n'avez jamais touchée? Je me laisse convaincre que la réponse est oui. Le coup de folie existe. Il a lieu tous les jours dans une gare, un supermarché, une église ou, comme ici, une buvette au bord d'un lac entre des personnes qui n'osent pas se parler.
Pierre a ce type de coup de folie pour une femme blonde, cheveux mi-longs, un canon à t'expédier en orbite, qui est attablée avec un homme bronzé, svelte, crâne rasé, à la buvette du port lémanique de Saint-Prex.
Pierre ne sait rien d'elle. Il l'a vue monter, avec son compagnon, à bord d'un sloop amarré au ponton Visiteurs. Le seul indice qu'il ait pour la retrouver c'est, peinte sur la coque du bateau, une salamandre noire.
Il ne pense plus qu'à elle. Alors il passe une annonce dans un journal local très diffusé avec pour titre La salamandre noire. Dans le texte, il prétend vouloir lui rendre quelque chose qu'elle aurait oublié en partant.
A sa grande surprise, le lendemain de la parution, une femme le contacte et lui demande de venir chez elle. Ils se donnent rendez-vous pour le petit-déjeuner du jour suivant. Mais ce n'est pas la sublime inconnue.
Alexandra, Alex, la femme qui le reçoit, habite une grande maison originale. Elle n'est pas blonde mais rousse. Elle lui propose de rechercher pour elle l'inconnue du bateau et de rien de moins que de l'éliminer.
Cette femme serait extrêmement dangereuse. Elle dirigerait un réseau lié au terrorisme international. Depuis deux ans elle et ses gars la poursuivent en vain. Si Pierre accepte de la lui retrouver, il refuse de la tuer.
Alex lui a proposé cinquante mille francs pour la localiser et cinquante mille de plus pour la tuer. Mais Pierre est journaliste, il n'a rien d'un tueur. Veuf, il a une petite fille, Anouk, élevée par sa belle-mère.
L'enquête de Pierre va le conduire dans plusieurs régions de Suisse, en France voisine, sur des lieux d'attentats, aussi bien à Rome qu'à Paris et Dakar. Il n'aurait certainement jamais cru jouer un jour les James Bond.
Dans le monde de l'ombre, on tue en douce, ou pas, et les gens ne sont pas ce qu'ils paraissent. C'est celui des trahisons et des coups tordus. C'est difficile à admettre pour quelqu'un comme Pierre, qui est carré:
C'est tout blanc ou noir, chez moi. Je l'ai déjà dit. Le gris ne me va pas du tout.
Aussi Pierre n'est-il pas au bout des surprises, telles que les liens insoupçonnables entre les protagonistes de cette histoire, qu'il ne découvre qu'à la fin et qui expliquent cependant les comportements de chacun d'eux.
Francis Richard
La salamandre noire, Simon Vermot, 192 pages, Éditions du Roc