Son père, un menhir, un modèle, que j'avais vu y a 15 jours à la boulangerie avec toujours son sourire amical et ses yeux coquins, qui me demandait les petits et tout, venait de mourir. Subitement...
Puis nous avons continué à nous voir. Faire du vélo ensemble. Le Mont Ventoux... Non, jamais en montée, mais mon ami, son frère et son papa m'ont initié au VTT. Le Ventoux, je l'ai descendu avec un VTT de compétition, je me souviens de pointes de vitesse dont le chiffre écrit sur le compteur me rend malade après coup. Nous mangions ensuite aux demoiselles coiffées. Les cousines de mon ami était jeune. Je me souviens d'une qui me mettait du sable sur le ventre, j'avais 10 ans de plus qu'elle mais était une enfant. Ses nièces à mon ami, elles ont passé leurs enfances chez moi. A un moment, la belle soeur de mon ami a été sur une liste municipale en face. Mais ça n'a rien changé. C'était le mandat où nous avions explosé les compteurs.
Il y a une chanson de Michel Sardou qui s'appelle "parce que c'était moi parce que c'était lui" et qui parle d'une amitié de deux personnes qui n'ont rien à voir. Le père de mon ami était membre éminent du parti communiste, et chef de file pendant un moment de la CGT locale. Et pourtant, il n'a jamais été avare de conseils et d'amitiés pour moi.
C'était un homme drôle. Un souvenir. J'avais peur un soir de rencontre "parents - prof " au collège, un prof m'impressionnait (pourtant j'étais bon élève). Il m'a pris, le père de mon ami, et il m'a dit "Ecoute Fafa, quand quelqu'un t'impressionne, imagine le en train de caguer". Une leçon de vie...
Il m'a avoué que "les ballons rouges" était une de ses chansons préférées. Tu m'étonnes, Serge Lama. Je ne lui ai pas chanté mais je l'ai récité, comme on récite un poème. Les chansons de Lama sont des poèmes.
Des souvenirs j'en ai à la pelle.
J'aimais cet homme. Je sais qu'il m'a aimé aussi.
Je pense à son fils, à mon ami. A pleins de gens. Je suis malheureux. Aussi car je ne pourrais lui rendre ce dernier hommage, putain de règles de confinement à la con...
Nous t'aimions...
2020 est décidément une année de merde...