Nous sommes nombreux à avoir en mémoire cette célèbre réplique du scénariste Michel Audiard dans le film culte de Georges Lautner : Les Tontons flingueurs.
Elle est portée par l’inénarrable Francis Blanche. Il la jette au visage d’une jeune femme. Voyant une montagne de billets de banque amassée sur la table autour de laquelle est réuni le gratin éméché de la pègre incarnée par Lino Ventura, Bernard Blier et consorts, elle tente de s’emparer d’une coupure provoquant la fameuse répartie.
Cette dernière vient de faire l’objet d’une très mauvaise reprise de la part de Jean-Baptiste Djebbari sous-ministre des transports. Il l’adresse dans une forme un peu moins crue mais tout aussi signifiante sur le fond à Carole Delga présidente de la région Occitanie.
L’élue lui réclamait la levée des barrières des autoroutes privatisées de sa région l’été prochain. « Je demande, a-t-elle expliqué, dans le cadre de leur concession avec l’État, un effort exceptionnel de solidarité nationale aux sociétés d’autoroute françaises pour cet été 2020. ». L’objectif est de faciliter les vacances des Français, leur favoriser l’accès à la région et permettre au secteur touristique de reprendre son souffle et de sauver des milliers d’emplois actuellement menacés.
En entendant cette requête le sang des actionnaires des sociétés d’autoroutes n’a fait qu’un tour ! « Jamais ! », se sont-ils étranglés.
D’un point de vue « pognon dingue », on peut les comprendre.
En effet, le chiffre d’affaires de ces sociétés d’autoroute est d’environ 10 milliards d’euros par an. Il dégage une marge brute « Top niveau » de 73% et il assure près 1,5 milliard d’euros de dividendes. Une vraie poule aux œufs d’or. Pour les seuls actionnaires de Vinci, ces rubans de bitume représentent à peine 15% des activités du groupe, mais 60% de ses profits. Jean-Baptiste Djebbari a décidé de les soutenir en ayant peut-être en tête que ce soutien ne serait pas oublié en cas de remaniement ministériel aux conséquences parfois défavorables.
Il s’est donc retourné vers Carole Delga pour annoncer son refus de la demande et signifier, haut et fort aux Français, que dans le monde d’Après comme dans le monde d’Avant : « On touche pas au grisbi…! ».