L'italien

Par Jperino @Jonoripe
L’homme se prouve par le chapeau mou, qui le distingue des autres primates.Mais, même prouvé par le chapeau mou, l’homme a beau être réellement homme, l’Italien l’est encore plus que lui. D’abord parce qu’il ajoute des plumes au chapeau mou, des plumes vertes qui font lyrique. Rien n’est plus beau que de le voir se marier dans cette parure ornithologique. En chantant Sole mio. On dirait un oiseau-lyre. J’ai eu ce bonheur en Italie. C’est un tableau qu’on oublie pas.Mais, avec ou sans plumes, l’Italien a toujours quelque chose de si humain qu’il est toujours plus homme que l’homme. Nous ne le sommes, nous, qu’en amateurs ; et au hasard pour ainsi dire ; par suite de quelque heureuse rencontre entre les circonstances et notre faible talent.L’Italien l’est en virtuose. L’Italien, c’est le professionnel. Il n’a qu’à laisser faire ou sa tête ou son cœur, son savoir-faire ou son génie, de toute façon, il imite l’homme à s’y méprendre. Rien d’humain ne lui est étranger.Nous ne sommes à côté de lui que des barbares nordiques, paralysés de préjugés, empêtrés de morale, d’hypocrisie, de respect humain, de fausse honte. L’Italien c’est Polichinelle, c’est Roméo, et c’est Garibaldi. C’est Paillasse et c’est Pantalon. Il ne rougit de rien de lui-même. Il s’enthousiasme pour l’amour, la gloire, l’escroquerie, la Sainte Vierge, la Traviata, le banditisme sicilien, les chiens errants, le pétrole saharien. Sans compter le chianti, l’asti, et même le lacryma christi qui a l’âme ardente et sèche des cailloux du Vésuve. Et le gros rouge. Le joyeux italien le boit frais. Au goulot. Et à l’ombre d’un pampre. Parfois même à la régalade. En regardant scintiller la Méditerranée.(L’automate – La Montagne – 28 avril 1964) Quand j'étais gamin, avec mon grand-père piémontais comme l'Asti, on ne buvait pas du champagne pour fêter un événement mais de l'Asti spumante.  Peu d'alcool (7,5), du coup les enfants y avaient droit à petite dose bien sûr.