Les boulangeries en tant que commerce de première nécessité ont fait parties des activités commerçantes autorisées à ouvrir pendant le confinement. Pour autant la plupart des artisans ont vu leur activité diminuer, ou du moins devenir très aléatoire. Mickaël Ossard, patron de La Choco-Latine à Monségur dans le Bordelais, a du faire face à la crise sanitaire : "Mon chiffre d'affaire a fait les montagnes russes durant cette période. Un jour on vendait beaucoup et puis le lendemain presque rien". Fêtes de Pâque ou week-end auraient du lui assurer un pic d'activité mais avec le confinement ce sont les repas et grands rassemblements familiaux du dimanche qui ont disparus : "d'habitude, ici dans les campagnes pour des fêtes comme Pâque, les gens viennent parfois de loin pour me passer des commandes de gâteaux pour dix à quinze personnes, parfois plus".
En effet, la boulangerie La Choco-Latine était il y a quelques mois finaliste de la meilleure boulangerie de France sur M6. Concours qui l'a propulsé meilleure boulangerie de Nouvelle-Aquitaine et deuxième meilleure boulangerie de France. La petite boutique attire donc une clientèle qui vient habituellement de tout le département. Avec le confinement beaucoup de ses clients se sont trouvés dans l'impossibilité d'aller chercher leur pain et leur pâtisserie chez lui : "Une de mes clientes qui vient de loin s'est faite interceptée par les gendarmes. Ils n'ont pas compris pourquoi elle n'allait pas à la boulangerie de son village et l'ont obligé à faire demi-tour" raconte Mickaël.
Une situation cocasse qui a changé les habitudes de cet artisan qui n'est cependant pas à cours d'idées. Ses invendus ? il en a fait don aux soignants des hôpitaux de la région. Il a par ailleurs mis en place une tournée de livraison à domicile dans les petits villages des alentours. "Pendant le confinement j'ai essayé de faire des produits très gourmands comme du pain de mie maison très moelleux avec des matières premières de qualité mais qui se conserve bien pour que les gens n'aient pas à revenir tout les jours". Pour le 1er mai, il n'y avait pas de marchand de muguet sur le marché, alors j'ai réalisé des petits brins de muguet en chocolat praliné. Cela a eu un succès fou, les clients étaient contents de pouvoir au moins ramener ça chez eux".
A la guerre, comme à la guerre, lorsque le confinement a commencé, à la Choco-Latine on a tout de suite mis en place des mesures de distanciation : marquage au sol de la file d'attente, mais aussi sacs de farine disposés le long du comptoir pour empêcher les clients de s'approcher trop près des vitrines et de postillonner dessus. "C'est vrai que ça rappelle la guerre ! Les sacs de farine, ça fait penser aux sacs de sable qu'on entassait pour se protéger des tirs, là c'est pour se protéger de la contamination" explique le boulanger, qui d'emblée a pris la situation en main. Puis sont arrivés protections de vitrines en plexiglas, gants, masques et gel hydro alcoolique. La petite boutique est certes méconnaissable mais ces mesures permettent de lutter contre la contagion et sécurisent les clients comme les employés. Une idée qu'ont matérialisé deux d'entre eux. Léo et Alexandre ont ainsi réalisé un boulanger masqué en pâte à pain avec pour message : "ensemble luttons contre le coronavirus" .
Aujourd'hui Mickaël Ossard n'entend pas baisser les bras et se laisser gagner par la morosité. Sa dernière idée : concocter une gourmandise spéciale déconfinement. "Ce sera le pain ou le gâteau de la Libération " dit-il avec humour pour rester dans sa réthorique guerrière, toujours en allusion à la période de la Seconde Guerre mondiale. Une chose est certaine cet artisan boulanger-pâtissier ne sera pas tombé dans le pétrin.
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